[Fiction] - Notre Âme a une Source

Une épaisse fumée noirâtre s'étendait au dessus de la ville assombrie par la nuit... Une odeur de chaire brûlée s'imprégnait dans l’air fétide... Les habitants couraient, criaient, souffraient... Le Fatalis planait au dessus des énormes flammes qui dévoraient tout sur leur passage... Des coups de feu retentissaient, recouverts par le bruit des explosions libérant des milliers d'étincelles. Des cadavres gisaient dans tous les recoins... Le sol était recouvert de traînées de sang, de membres déchiquetés, carbonisés.

- AIDEZ-MOI S'IL VOUS PLAIT !

Un homme à la voix portante tentait de se faire entendre, piéger par le feu dans sa propre maison. Il serrait dans ses bras un jeune adolescent en train de suffoquer.

- MON FILS EST COINCE AVEC MOI, S'IL VOUS PLAIT ! MA FEMME VIENT DE MOURIR !

Ses larmes tombaient sur le visage emplit de suie d'Edern, son fils. L'homme était recroquevillé dans un coin des décombres, observant les poutres enflammées de sa maison s'effondrer sur le sol couvert de braises. La chaleur insoutenable de cette fournaise faisait s'écouler toute la sueur de son corps. Mais soudain une charpente s'écroula et heurta violemment le crâne de l'homme. Il tomba, allongé face contre terre, tandis que le sang commença rapidement à s'écouler de sa profonde blessure. Il voyait flou désormais, et regardait impuissant son fils accroupi près de lui, tentant de le libérer des débris en tirant son bras. Soudain une lance argentée transperça le mur de bois près d'eux, et un homme en armure commença à arracher les restes de la paroi avec ses mains.

- PAPA M'ABANDONNES PAS !
- Vas-t'en... On est venu te chercher...
- PAPA !
- Amènes toi gamin cette maison va s'effondrer d'un moment à l'autre ! s'écria le soldat gêné par la situation.
- Ecoute-le...
- Papa...
- Tu… vas vivre… promets-le moi…
- Je… je te le promets…

A ces mots, Edern se rendit compte que son père ne respirait plus, que son cœur avait cessé de battre... Il resta figé pendant quelques instants, en sanglots, devant le cadavre noirci de son père, puis poussa un long cri de plaintes... Il sentit alors la main du soldat tiré son bras. Il l'observa un moment, puis courut finalement au fond des décombres pour récupérer son épée. Grande, large, mais très légère... De fins éclairs bleutés d'une grande beauté parcouraient sa couleur foncée, illuminés en plein cœur par une flamme resplendissante. Le soldat le laissa ensuite sortir le premier, quand tout à coup une déflagration projeta l'homme en armure près d'Edern qui avait plongé. Des débris s'abattirent sur le garçon et le firent perdre connaissance... Son corps allongé se trouvait au milieu des quelques rescapés affolés.

- Il faut vite l'emmener à l'infirmerie ! s'écria un homme musclé, rasé de près.
- Elle est en flammes ! répondit une femme en larmes.
- Quelqu'un serait-il médecin ici ?! reprit l'homme.

Un long moment s'écoula sans qu'aucune réponse ne parvienne à sa question.

- Alors, va-t-on le laisser mourir ?
- L’avenir vide de lumière, ne peut s’illuminer que par la survie des âmes proches de la notre... répondit un homme à l'écart d'une voix langoureuse.

Il avait les cheveux d'un rouge plutôt foncé, les yeux bleus comme un ciel découvert. Il était habillé d'un chandail bordeaux, aux manches courtes, surmonté par une multitude d'équipements métalliques, dont une longue ceinture noire qui passait par son épaule pour arriver à ses hanches. Il était également équipé d'une longue et épaisse lame rougeâtre, que l’on appelait Eradicateur Eternel. Son pantalon aux nuances noirâtres était recouvert aux tibias par des bottes d’un marron très foncé.

- Qui êtes vous ?... demanda le chef du village intrigué.
- Juste… un ami.
- Quel est ton nom ?! demanda vivement l’homme rasé.
- Je suis le chasseur Genovis HR5-Jevira.

Le chef du village fronça les sourcils lorsqu’il crût comprendre ce que voulait cette personne.

- Vous et votre organisation ne toucherez jamais à ce jeune garçon !
- Soit, vos regrets n’en seront que plus grands lorsque la mort sera venue l’emporter aux cieux…
- …

Genovis sourit lorsqu’il vit qu’un long silence avait suivit sa réplique.

- Je sais que… la Guilde vous tourmente l’esprit concernant notre organisation, mais il s’avère que la Jevira est le dernier espoir de ce garçon…
- Que comptez vous faire de lui ? demanda le chef inquiet.
- Une toute nouvelle expérience… Comme vous le savez sûrement, j’ai moi-même abattu le Fatalis pourpre il y a quelques jours. Ses pouvoirs sont connus pour être exceptionnels, nous comptons donc utiliser des cellules du dragon pour les transplanter dans le corps de ce garçon, et ainsi examiner les effets produits par l’opération.
- Qu’il ne souffre pas… Emportez le en vitesse ! ordonna le vieil homme.

Genovis attrapa Edern et posa son corps replié sur son épaule gauche. Il partit ainsi le sourire aux lèvres, courant malgré le poids qu’il transportait. Il quitta ainsi le quartier et parcourut les ruelles de Cysnea. Cette ville était séparée en deux. D'un côté les zones appartenant à la Guilde, et de l'autre les quartiers plus sombres de la Jevira. Il se dirigea vers le bâtiment principal de l'organisation, situé à l'opposé de la ville. C’était la première construction entièrement faite d’acier, et ses formes arrondies la distinguait encore plus des autres. Sa surface était légèrement illuminée par la clarté de la lune. Il pénétra ensuite essoufflé dans le bâtiment par la grande double porte métallique, monta plusieurs étages, pour enfin confier l’adolescent aux quelques savants. On l’installa sur une longue table après l’avoir endormi, et l’opération put enfin commencer…

ARRRRRRG !!
Le Fatalis ! Pourquoi sa carapace est-elle écarlate ? Arrrg… que me veut-il ?!
Mon bras ! Pourquoi ai-je des douleurs dans le bras ?! Que m’arrive-t-il ?!
Je… Je ne veux plus souffrir… Je veux… vivre…
Je vis… un cauchemar…

Chapitre 1


Des bruits déchirants s’émanaient d’un violent combat au sommet d’une colline verdoyante. Cris et rugissements se mêlaient aux chocs des lames sur les écailles scintillantes du Rathalos Azur. Ses griffes dégradaient le sol au rythme de ses vifs et agressifs mouvements. Sa magnifique carapace aux nuances bleutées était noyée de sang s’échappant de nombreuses écorchures, qui étaient l’œuvre de trois chasseurs. L’un d’entre eux, aux cheveux rouges et aux yeux bleus, pointait fermement sa grande épée écarlate vers le wyvern craintif. Il était habillé d’une tenue pourpre à la capuche qui pendait. Elle était ornée de nombreux équipements métalliques, dont deux grosses épaulières noires. Le deuxième était plutôt grand, à la fine carrure. Ses cheveux, d’où saillaient de longues mèches entremêlées, étaient de couleur noire, variée de légers reflets châtains. Ses profonds yeux à la pupille dorée fixaient la bête avec attention. Il était habillé à la même manière que le premier, mais ses vêtements se rapprochaient plus d’un bleu sombre. Sa grande épée faite de minerai carbalite était assez imposante, mais facilement maniable à deux mains. Elle était noire, sa base carrée se prolongeait finement jusqu’à se finir en pointe. Un long trait d’or partait du manche, et parcourait toute la longueur de l’arme en son milieu. Près de lui se tenait le dernier chasseur... Il n'avait pas de cheveux, mais de sombres cornes qui se dressaient sur son crâne telle une longue crinière endurcie, et ce jusqu’à sa nuque… La racine de celles-ci était d’un gris pâle, et se dégradait en direction des pointes vers une nuance beaucoup plus foncée. Son bras droit était également génétiquement modifié. Il était recouvert d’une volumineuse carapace aux écailles grisâtres, d’où jaillissaient quelques imposants pics… Ses yeux d’un noir impénétrable et entourés de longs cils faisaient apparaître sa timidité. Sa tenue, identique à celles de ses deux camarades, était teintée d’un gris foncé. Il tenait dans sa main droite une grande et lourde épée métallique, composée de plusieurs couches superposées, reliées entre elles par des vis. Elle était parfaitement droite, et son côté tranchant était légèrement plus clair que le reste de la lame.
Le soleil baignait la colline dans une luminosité et une chaleur très intense. L’acharnement du combat prenait une forte amplitude dans la sueur et le sang. Le bruit des griffes percutant les armures résonnait comme de grands éclats dans les airs. Les rugissements du Rathalos faisaient vigoureusement vibrer sa gorge pâle.

- EDERN SUR TA GAUCHE !

Le chasseur averti plongea sur le côté, et, tout en se relevant, il frappa d’un grand coup sur le flanc gauche du wyvern qui tituba légèrement. Au même moment, les deux autres combattants tentèrent une approche à l’arrière du monstre qui les renvoya d’un grand coup de queue.

- GENOVIS, ZACK !

Le Rathalos semblait décider à foncer droit vers eux… Il commença une grande charge véloce vers ses deux proies allongées au sol, mais soudain, un bruit aigu retentit, suivit d’un long rugissement plaintif. Edern venait de s’interposer devant le monstre, protégeant ses camarades grâce à sa grande épée qu’il avait bloqué contre le sol à la verticale. Le wyvern à la gueule ensanglantée se relevait les yeux emplis de haine. Mais lorsqu’il se propulsa vers Edern pour le mordre, sa cible glissa sous son ventre et percuta violemment de sa lame son genou droit. Le monstre chuta dans un nuage de poussière… Zack, qui avait élevé sa lame dans les airs, s’apprêtait à la rabattre sur la gueule du monstre, lorsque ce dernier l’éjecta d’une énorme boule de feu, libérant un vaste nuage de fumée. Le wyvern se releva majestueusement, le regard luisant de fierté, étendant ses grandes ailes tout en poussant un long rugissement. Mais soudain, une lame écarlate le frappa de plein fouet dans la mâchoire, et le Rathalos commença à convulser dans une grande flaque de sang. Genovis acheva enfin la bête en lui assénant un coup magistral qui lui fracassa le crâne.

- Zack ? demanda-t-il en appuyant son épée contre son épaule.
- Je vais bien, je vais bien.
- Combien faudra-t-il de cadavres de wyvern à la Jevira pour les satisfaire ? demanda Edern d’un ton exaspéré.
- Ce qui rapporte bien me satisfait amplement… répondit Genovis. Edern soupira.
- Ca fait trois ans que j’ai rejoins la Jevira, trois ans que je ne fais que tuer des wyvern pour des expériences… dit-il en s’éloignant vers le paysage.
- Au moins on combat. L’action, ya que ça de vrai ! s’écria Zack en serrant son poing face à lui.

Edern, qui était accroupi, observait l’horizon avec enchantement. Ces grandes plaines verdoyantes, coupées par une rivière scintillante de mille feux… Sur son large, un grand troupeau d’Aptonoth étanchait sa soif. Quelques wyverns volants tournoyaient autour d’eux, planant dans les airs, attendant le moment propice pour attaquer. D’ici, il pouvait voir la grande ville de Cysnea, entourée de ses remparts de pierre. Près de l’entrée principale, on trouvait la grande majorité des habitations, la plupart faites de bois. Au fond du bourg, le bâtiment colossal de la Jevira surplombait toute autre structure. Quelques petits trous sur son toit laissaient s’échapper quelques fumées noirâtres. Aux alentours de la cité, on trouvait de grands champs de cultures qui servaient à approvisionner ses habitants. Plus loin encore, une grande forêt s’étendait à perte de vue, et dans sa profondeur, une montagne recouverte de neige éternelle y prenait pied. Edern inspira longuement l’ai frais qui s’offrait à lui.

- Bon, on dépèce la bête et on rentre, dit-il en se relevant.
- Allons-y ! lui répondit Zack avec enthousiasme.

Quelques heures plus tard, après avoir longuement dépecer le Rathalos, les trois chasseurs se trouvaient dans le grand bâtiment de la Jevira. Ils avaient déjà rendus les composants récoltés aux savants et avaient reçu leur récompense. Ils se situaient dans une pièce peu spacieuse, assez obscure, juste éclairée par un petit feu qui consumait de fines bûches. Ils étaient assis chacun sur un tabouret, autour d’une table de bois. Ils buvaient de la bière dans de grands verres noirs, tout en bavardant continuellement, dans de grands éclats de rire. Soudain la porte s’ouvrit brutalement.

- J’ai à vous parler les gars.

L’homme qui venait de renter avait une carrure imposante. Sa longue veste noire refermée sur un tee-shirt de la même couleur révélait une personnalité sérieuse. Il avait de grands yeux qui s’accordaient à ses vêtements, faisant ressortir un esprit individualiste. Il était chauve, sa barbe était rasée de façon à laisser seulement quelques millimètres de pilosité. Il avait le cou large, et une grosse pomme d’Adam.

- Hey, directeur Colnor… Qu’est ce qui vous amène ? demanda Zack qui venait de posé son pied sur son tabouret.
- Mon ami Zack me manquait… dit-il d’un ton sec et ironique, on a un problème, et il faut que ce soit vous qui vous en chargiez… dans la plus totale discrétion.
- Les expériences vous jouent des tours hein ? répondit Genovis d’un air décontracté.
- On ne mélange pas l’homme et la bête… dit Zack en souriant.
- La ferme ! Un de nos sujets est devenu fou, il est dans la nature. Il est hors de question qu’on le perde de vue. Vous le reconnaîtrez facilement, il a une grande pince bleue aiguisée à la place de son bras droit…Vous me le ramenez ici, mort ou vif, c’est bien compris ? répliqua-t-il sévèrement.
- Pourquoi… est-il fou ? demanda Edern curieusement.
- C’est pas la question ! Vous partez tous les trois immédiatement. Exécution ! s’écria-t-il en claquant la porte derrière lui.
- On l’a connu dans de meilleur humeur hein, lança Zack.
- On part, les ordres sont les ordres… dit Genovis en se levant.

Chapitre 2


Après s'être longuement équipé, les trois chasseurs sortirent du bâtiment. Le ciel commençait déjà à prendre une teinture orangée, signe que le soleil s'apprêtait à se coucher. Ils se mirent donc à trottiner vers les collines, afin de profiter encore quelques petites heures de la lumière du jour.
Ils arrivèrent finalement à un petit campement. A l'Ouest, le ciel était déjà foncé et parsemé de quelques étoiles, tandis qu'à l'Est, les derniers rayons de soleil illuminaient encore le sommet des grandes montagnes blanches. Ils s'approchèrent d'une tente discrètement, tout en restant sur leurs gardes. Edern enfila sa capuche, comme il avait l'habitude de le faire en présence de personnes étrangères. Il cacha également son bras derrière son dos, et se mit de profil pour masquer les pics s'échappant de son épaule. Il baissa les yeux mélancoliquement...

- Il y a quelqu'un ici ? demanda Zack en tirant la toile fermée.
- Qui êtes vous ?! s'exclama surpris un chasseur âgé.
- Des chasseurs tout comme vous. On recherche une étrange personne. Elle a une pince...
- A la place du bras ? Je l'ai bien vu oui ! Ce fumier m'a pillé il y a quelques heures de cela !
- Vous savez quelle direction il a pris ?... demanda Genovis.
- Je crois bien qu'il s'est enfoncé tout droit vers le forêt ! Mauvaise idée à des heures pareilles !
- Merci bien, on part à sa recherche !

Ils se mirent tous les trois à courir parmi la végétation sauvage de la forêt. Ils enjambaient les troncs renversés, sautaient par dessus les grands buissons de ronces, pour enfin se rendre compte qu'un troupeau de Bulfango les poursuivait...

- Me*** ! Aller aller ! Plus vite les gars !

Les branches fouettaient leurs visages à découvert, mais aucun d'entre eux ne s'arrêtaient dans leur course effrénée. Mais étrangement, les Bulfango les dépassèrent sans les attaquer... Ils s'arrêtèrent de courir et reprirent leur souffle.

- Pourquoi... ils ne... nous ont... pas... attaqué ? demanda Zack essoufflé.
- Il y a autre chose ici... écoutez les bruits sourds qui arrivent... murmura Genovis.
- RATHALOS EN APPROCHE !! s'écria Edern.
- YEN A DEUX ?!!
- Et mer** !! On court !! cria Edern avec énergie.

Ils reprirent une course endiablée, cette fois-ci pourchassés par deux Rathalos affamés. Edern se faisant rattraper par l'un d'entre eux, se coucha soudainement sur le sol pour se retrouver derrière le wyvern, et se releva presque aussi rapidement en tranchant la queue du monstre enragé. Il se mit ensuite à courir à côté du Rathalos, le frappa violemment à la gueule au passage pour l'étourdir, puis tenta de rattraper ses deux amis. Mais il s'était retrouvé coincé entre les deux bêtes qui l'observaient de leurs grands yeux noirs. Le Rathalos blessé le chargea avec grande furie. Mais Edern se retourna au dernier moment face au monstre et lui enfonça son poing droit en plein dans le crâne. La bête recula dans de grands rugissements plaintifs, la gueule ensanglantée. Le deuxième Rathalos hésita à s'avancer, et envoya finalement une boule de feu vers Edern qui plongea sur le côté pour l'esquiver. Pendant que la bête inspirait pour en envoyer une nouvelle, et que son allié se lançait encore une fois dans une longue charge, Edern envoya dans les airs une bombe flash qui diffusa une lumière aveuglante entre les deux monstres.
Il profita de leur étourdissement pour s'échapper et retrouva ses deux amis qui étaient venus l'aider trop tard. Mais finalement, Genovis poussa ses partenaires dans un buisson et plongea dedans à son tour. Après cela, il sortit une bombe de bouse de sa sacoche, et l'écrase contre un arbre.

- C'est quoi cette odeur ?! C'est horrible... murmura Zack.
- Bouches toi le nez abruti... répondit Genovis en soupirant.

Les deux wyverns passèrent devant les chasseurs sans s'apercevoir qu'ils étaient là, et s'envolèrent au bout de quelques secondes, repoussés par cette odeur abominable. Ils sortirent de leur cachette et observèrent les alentours. Ils ne voyaient rien d'autre que de la végétation. La nuit était tombée, et la seule lueur de la lune ne suffisait pas à éclairer l'épaisse forêt. Ils marchaient lentement dans cette ambiance hostile, attentifs aux moindres bruits.

- On devrait se reposer un peu. Histoire de manger quelques rations et de repartir ensuite, dit Edern en s'arrêtant.
- ... On part dans un quart d'heure. Il ne faut pas qu'on se fasse distancer, répondit Genovis.
- J'ai que du pain, vous avez quoi ? demanda Zack qui s'asseyait contre un tronc.
- Des champignons bleus, et quelques cuisses de Mosswin crues, répondit Edern.
- J'ai rien... soupira Genovis.
- Tiens j'te passe de mon pain. Il est un peu dur mais... c'est toujours ça, répliqua Zack en lui envoyant un morceau.
- Merci...
- Je vous laisse, je vais surveiller les alentours... lança Edern en s'éloignant.
- Pars pas trop loin hein !... cria Zack.

Après s'être enfoncer dans la forêt pendant plusieurs minutes, Edern s'arrêta et vérifia s'il n'était pas suivi, puis il se laissa tomber sur les genoux... Il observa longuement sa grande main qui portait encore le sang du Rathalos. Il s'écoulait le long de ses doigts, qui ressemblaient plutôt à de longues griffes sombres... Il attrapa le manche de son épée avec sa main droite, et la caressa de son autre main... Tête baissée, des larmes coulèrent le long de ses joues, puis tombèrent sur la lame métallique...

- Je le retrouverai... dit il en sanglots, je te vengerai papa...

Chapitre 3


Il éleva sa tête, se laissant caresser le visage par cette douce brise nocturne. La pâle lueur de la lune éclairait légèrement sa chevelure de pics épais. Il respirait profondément, sans bouger, fermant les yeux. Mais il entendit soudainement quelques petits craquements... Il se retourna vivement et aperçut une sombre silhouette défiler rapidement sous ses yeux. Il ne réagit pas tout de suite, mais finit par se lever brusquement en accrochant son épée dans son dos. Il se mit à courir pendant quelques instants, mais finit par s'arrêter, ne sachant pas où il allait...

- Y a quelqu'un ? cria-t-il essoufflé.

Comme il s'y attendait, personne ne répondit, cependant de nouveaux bruits se firent entendre... Il prenait peur, regardait tout autour de lui, la main posée sur le manche de son épée. Mais soudain il fût projeté au sol face contre terre avec grande violence. Il roula vivement sur son dos, mais fût immédiatement bloqué par une longue et grosse pince qui lui serrait le cou.

- C'est pour moi que t'es ici hein ?! dit l'agresseur d'une voix irritée.
- ...
- Je le savais bien... Tu es des leurs...
- Qu'est ce qui t'arrives à la fin ?!
- Ce qui m'arrive ? Tu vois pas en quoi ils m'ont transformé ?!
- Tu crois que t'es le seul ?! s'écria Edern en repoussant son ennemi à l'aide de son bras muté.
- Tu... toi aussi alors ?... demanda-t-il pendant que le jeune chasseur se relevait.
- Non... Je ne suis pas comme toi. Je ne perds pas la raison en m'attaquant à des personnes innocentes.
- Je veux emporter le plus de monde possible dans ma haine... Faire comprendre à tous ces gens, que votre organisation mérite d'être anéantie... Et toi, tu préfères rester passif ?!
- Ils m'ont sauvé la vie... Ils me logent, me nourrissent...
- Tu ne comprends donc rien...
- Il n'y a rien à comprendre...
- La Jevira n'a été conçue que pour concurrencer la Guilde, mais à quel prix... Ca les arrange bien d'inventer des excuses pour tenter de nouvelles expériences. Ils veulent que le monde soit à leurs pieds, qu'on soit soumis à leur puissance...
- Qu'est ce qui me force à te croire ?
- Je faisais partie de vos rangs. J'étais même très haut placé, j'étais au courant de tout ce qui circulait. Si je suis comme ça aujourd'hui, c'est qu'ils ne font pas d'exceptions... J'ai été grièvement blessé lors d'une chasse contre un Ceanataur, et voilà ce qu'ils m'ont fait... Si ils vous ont envoyé me chercher, c'est pour me faire taire, pour qu'on m'abatte sans pitié. Tu es le début de leurs plans... Si ils font toutes ces expériences, c'est pour enfin créer un être invincible. Et toi, tu es à ce jour celui qui a le plus de pouvoirs...
- Je n'ai pas de pouvoirs, juste une force physique supérieure...
- Laisses moi finir... Tous les wyverns n'offrent pas forcément de pouvoirs lors des transplantations. Mais le Fatalis pourpre en était une source gigantesque... Après l'expérience effectuée sur ton corps, la Guilde s'est emparée du cadavre du Fatalis pour le détruire à jamais, ayant peur que des choses terribles n'arrivent à cause de la Jevira... Tu sais... ils te tueront une fois que...

Il n'eut le temps de finir sa phrase qu'une grande lame pourpre s'enfonça dans son ventre... Une quantité effroyable de sang s'écoulait jusqu'au sol... L'épée se retira sèchement et le cadavre tomba sans vie dans une grande flaque rougeâtre... Edern restait bouche bée devant Genovis qui essuyait son arme...

- Pourquoi t'as fait ça ?! s'exclama Edern.
- Le chef a dit mort ou vif non ? Je ne tenais pas à ce qu'il te blesse, dit Genovis en souriant.
- ... Il aurait pût nous être utile...
- En quoi ?
- ...T'as raison... On ferait mieux de rentrer, on a fini notre mission... dit Edern en regardant une dernière fois le cadavre du pauvre homme.

Ils marchèrent pendant de longues minutes sans parler. Edern repensait aux paroles de cet homme mort sous ses yeux... Etait-ce vrai ? Allait-il lui aussi être abattu ? Ces questions trottaient dans sa tête quand Genovis interrompit le silence.

- Qu'est ce qu'il t'as dit ?... demanda-t-il curieux.
- Il m'a dit que... Il m'a supplié de le laisser en vie.
- Joues pas à ça avec moi Edern... répondit-il en s'arrêtant.
- Jouer à quoi ?...
- Faut que tu saches que t'es qu'un novice à mes yeux... Tu ne sais même pas mentir correctement.
- Vas t'faire foutre, répliqua-t-il en continuant tout seul à marcher.
- J'ai pas fini de te parler...
- Où est Zack ?
- Pas loin. Bon maintenant...
- RATHALOS !!!!! s'écria Zack qui courait à toute vitesse vers ses deux confrères.
- Pu*** ils sont encore là !... grogna Edern en dégainant son épée.
- Tâchons de faire équipe pour le moment hein... dit Genovis qui se plaça aux côtés d'Edern en souriant.

Les puissants rugissements des Rathalos qui chargeaient leur déchiraient les tympans. Les deux chasseurs qui attendaient le bon moment pour attaquer se mirent soudain à courir droit vers les wyverns enragés. Zack se décala sur le côté pour ne pas se retrouver au milieu du combat, tandis qu'Edern frappa d'un grand coup d'épée la joue gauche du monstre déjà blessé. La bête chuta dans une grande glissade et emporta son ennemi avec elle. Pendant ce temps, la lame de Genovis percutait les écailles ensanglantées du deuxième Rathalos, qui faisait grincer ses griffes sur l'armure de son assaillant. Edern se releva rapidement, et se propulsa dans les airs en s'appuyant sur le dos de sa cible, s'apprêtant à rabattre sa lame dans son crâne. Mais il fût projeté d'une boule de feu contre un arbre, relâchant son arme par la violence du choc... Il s'appuyait sur le sol avec ses mains pour tenter de se relever mais la force lui manquait... Le monstre se dirigeait vers lui à pas lents... Zack se mit alors à courir vers la bête pour l'arrêter mais il fût rudement renvoyer par un grand coup de queue. Le Rathalos s'élança alors dans une charge fulgurante vers Edern, et plaqua sauvagement le jeune chasseur qui passa à travers l'arbre fendu en deux.

- AAAAAAAARGGHHHHHH !!!!!!!!!!!!!!

Son corps était étendu sur le sol, au bout d'une longue traînée de sang... Du liquide rouge s'échappait de sa bouche, de nombreuses écorchures étaient entaillées sur son visage encrassé... La douleur lui devenait insupportable... Il ne cessait de crier et de se tortiller sur le sol... Le wyvern, lui-même à moitié mort, marchait en boitant vers sa victime... Il se léchait les babines, prêt à savourer son festin... Mais soudain la bête chuta lourdement sur le sol dans un hurlement strident et mourût aussitôt... Genovis apparût alors près du cadavre du Rathalos... Il fixa longuement Edern avant de l'aider à se relever. Zack arriva peu de temps à près afin soulager le poids que supportait Genovis. Les trois chasseurs repartirent en direction des plaines, sans un mot, encore sous l'euphorie du combat. Edern se forçait de rester conscient, essayait de résister à la douleur. Mais il perdait beaucoup trop de sang, et finit par s'évanouir au bout de quelques minutes de marche...

Chapitre 4


Edern ouvrit lentement ses yeux, faisant clignoter involontairement ses paupières. Il se sentait bien. Il était allongé sur un grand lit moelleux, dans de magnifiques draps de soie. Il regarda autour de lui, tournant doucement sa tête à droite et à gauche. Il se situait dans une pièce spacieuse, dans l'un des étages les plus élevés de la Jevira. Tout était blanc autour de lui, et tout semblait resplendissant grâce aux rayons de soleil qui traversaient les énormes vitres. Il se leva enfin, et s'aperçut que ses blessures avaient disparu. Il était torse nu, et observait son corps muté... Les veines près de son bras droit semblaient imprégnées de sang noir... Il fût soudain surpris par l'intrusion d'un soldat de l'agence qu'il connaissait bien.

- Hey Edern ! lança-t-il.
- Salut Kuntsel.
- Alors, remis de tes émotions ?
- Je suppose, j'me souviens plus de grand chose...
- Crois moi que t'étais bien amoché, mais ton corps fait des miracles, on a pas eut à te toucher pour que ça guérisse !
- Où est Zack ?
- Il est partit en mission avec Genovis. Ca avait l'air urgent.
- T'aurais pas une idée de ce qui s'est passé ?
- Si tu veux mon avis il est arrivé des trucs étranges dans le labo depuis que Neorth a été blessé.
- Quel genre de trucs ?
- Je sais pas. Mais le labo était surveillé vingt quatre heures sur vingt quatre. Et puis... Neorth a disparu.
- Tu sais où je pourrais les trouver ?
- Négatif. Interdiction de quitter Cysnea avant d'avoir eut l'autorisation du chef.
- Eh...
- Désolé.
- Je vais me balader en ville, merci pour les infos.
- J'te tiens au courant.

Edern s'empara de ses divers équipements, et sortit de l'énorme bâtiment au bout de plusieurs minutes. Un vent de fraîche matinée s'engouffrait dans sa tunique grisâtre; il baignait dans la lueur incandescente du soleil, la journée s'annonçait agréable. Cependant, toujours avec cette même mélancolie, il enfilait sa capuche, et tentait de cacher son imposant bras derrière son dos... Il soupira longuement, repensant à ce qui s'était passé trois ans plus tôt. Et sans s'en rendre compte, il était arrivé devant la bar de la Guilde. Il décida d'y rentrer, malgré la tenue de la Jevira qu'il portait. A son arrivée, tous les regards se posaient sur lui, et quelques grincheux commençaient déjà à s'agiter et à vouloir l'expulser.

- Laissez-le donc ! s'écria le chef du hall.

C'était le même vieillard qui était sur les lieux de l'incendie trois ans plus tôt. A la vue du jeune chasseur, il avait pris un air de nostalgie qui exprimait à la fois des regrets et de la tristesse.

- Aller, suis-moi, je vais t'installer, reprit le chef en amenant Edern à une petite table.
- Merci...

Il resta seul pendant un moment, mais un jeune chasseur prit place face à lui, accompagné d'un autre plus âgé. Le plus jeune était blond aux yeux bleus, les cheveux assez longs, coiffés en pics entremêlés, et portait une armure faite en Rathalos, mis à part le casque qu'il gardait dans sa main. Il était armé d'un fusarbalète léger, portant lui aussi des écailles de Rathalos. Le second avait une chevelure très longue, d'un noir légèrement bleuté, arrivant au milieu de son dos, et coiffée en bataille sur son crâne. Il était quant à lui équipé d'une armure de Rathalos azur, ressemblant beaucoup à celle de son camarade. Dans son dos était accroché un très long et fin katana qui reflétait fortement les rayons de soleil.

- Salut ! J'm'appelle Clath ! lança le plus jeune, et voici Keith !
- Qu'est ce que vous me voulez ?...
- Hum, merci pour l'accueil ! Bref, pour se faire des amis il faut commencer par discuter non ?... continua-t-il en souriant.
- Uh... ouais... Moi c'est Edern....
- Edern hein... j'ai beaucoup entendu parler de toi... L'expérience il y a trois ans, tout ce qui va avec, répliqua Keith.
- J'dois y aller...

Il commença à se lever quand soudain, il aperçut une jeune femme merveilleusement belle. Elle portait une légère tenue de Kirin, dont la fourrure caressait sa peau lisse. Il croisa son regard, ses magnifiques yeux bleus... Sa chevelure brune formait une frange qui venait se déposer juste au dessus de ses longs cils. Elle était armée de doubles lames argentées qui se balançaient au rythme de ses pas.

- Ah tiens ! Voilà Nelly.
- Salut les gars.
- Nelly, voici Edern, un ami, dit Clath en souriant.
- Enchanté, lança-t-elle en s'asseyant.
- Uh... salut...
- Bon bah maintenant que t'es là, on peut commencer à chasser non ? proposa Clath.
- Tu te joins à nous Edern ? demanda Nelly.
- Je peux pas... J'ai été grièvement blessé hier par un Rathalos, je ne peux pas quitter Cysnea avant nouvel ordre...
- Les règles sont faites pour être brisées ! s'exclama Clath.
- Hum... A ta place j'éviterai de dire ça devant moi, répondit Keith avec un sourire.
- Vous allez chasser où ?...
- On va au volcan tuer un Gravios, répondit Nelly.

Edern ne put s'empêcher d'accepter, ébloui par la beauté de la jeune femme. Ainsi, ils décidèrent de partir dans la minute qui suivie, et commencèrent leur marche qui devait durer une petite heure.
La chaleur accablante étouffait les jeunes chasseurs qui commencèrent à suer. Les pas se faisaient de plus en plus lourds, les minutes semblaient durer des heures, et cela empirait au fur et à mesure qu'ils approchaient du volcan. Ils prirent alors tous un breuvage frais, liquide gelé qui refroidissait l'organisme pendant une longue durée. Edern se tenait à l'écart, son bras droit recouvert par un tissu noir, de peur que Nelly ne découvre son corps... Arrivés à la ceinture volcanique, ils décidèrent de prendre une pause après être monté au sommet d'une pente rocailleuse.

- On entre dans la caverne en bas du plateau dans dix minutes, faites vite, dit Keith en observant l'horizon.
- Je pars devant, je vais pas loin vous inquiétez pas... lança Edern en partant.

Il s'avança parmi les coulées de lave et les vapeurs de souffre qui s'engouffraient dans ses narines. D'épais nuages de fumée noire venant du cratère flottaient au dessus du plateau. Arrivé à l'entrée de la grotte, un souffle de chaleur l'enveloppa soudainement. La température était bien plus élevée à l'intérieur du volcan... Il pénétra dans la caverne discrètement, scrutant l'endroit avec grande attention. Il ne lui fallut pas beaucoup de temps pour repérer l'énorme Gravios encore recouvert de lave, signe qu'il venait d'en sortir... Il recula de quelques pas, très lentement, sans faire de bruit... Il appuyait ses mains contre la paroi pour être sûr de ne pas la percuter, et sortit furtivement de la cavité. Il se plaqua dos au mur, et fit signe à ses camarades de venir... Une minute plus tard, tous étaient à l'entrée de la grotte, prêts à attaquer.

- Clath, on perd pas de temps, tu sors l'artillerie lourde directement. Bombarde le de munitions explosives ça lui fera du bien... Quant à nous, on essayera de briser sa carapace au niveau du thorax, comme ça on peut atteindre son cœur et on en parle plus... proposa Keith.
- Ca me va... répondit Nelly.
- Pareil, rétorqua Clath.
- ... C'est parti alors ! s'écria Edern en s'élançant vers le Gravios.

Chapitre 5


Edern se mit à hurler dans sa course vers l'énorme wyvern qui se retourna brusquement. Il poussa un hurlement qui résonna dans toute la caverne et qui les força à se boucher les oreilles. Après quoi, il s'avança vers eux, faisant trembler le sol à chacun de ses pas.

- CLATH QU'EST CE QUE T'ATTENDS ?! s'écria Keith qui courait son katana à la main.
- Ca arrive bordel, ça arrive !

A ces mots, une munition traversa la caverne et explosa aux pieds du Gravios qui s'arrêta subitement. Edern en avait profité pour s'introduire sous l'énorme corps de pierre, et frapper à plusieurs reprises sur la carapace du monstre qui ne semblait rien ressentir. Nelly tenta une attaque de son côté en frappant les pattes de la bête, espérant ainsi la faire tomber, mais le Gravios prit de fureur les balaya tous d'un grand coup de queue. Keith se retrouva ainsi devant le wyvern qui approcha vivement sa tête afin de l'attraper dans sa grande gueule ouverte... Mais il fût sauver de justesse par Edern qui venait de caler son épée entre les deux adversaires, causant un grand bruit aigu dans la caverne. Dans la seconde qui suivit, une grande explosion se forma sur le flanc droit du Gravios qui chuta lourdement dans un grand nuage de poussière. Tous se jetèrent alors sur sa tête et frappèrent avec force dans sa mâchoire fissurée. Mais le wyvern attrapa brusquement la jambe de Keith, et un grand craquement d'os s'entendit avant qu'il ne l'éjecte à plusieurs mètres face à lui. Il se releva ensuite rapidement, et inspira longuement afin de préparé son rayon de flammes... Clath commença à pousser des cris de rage, tout en rechargeant son arbalète... Edern observait la scène, tétanisé... Mais il se mit finalement à courir, espérant pouvoir faire quelque chose pour le sauver... Quoi ? Il n'en savait trop rien... Il courait... courait... Il fixait Keith qui avait les mains posées sur sa jambe ensanglantée...

- KEIIITH !!!!! s'exclama Nelly.

Le rayon finit enfin par sortir de la gueule du Gravios... Les flammes ardentes se précipitaient à grande vitesse vers Keith qui les observait impuissant... Mais soudain une grande explosion se forma devant le chasseur étendu sur le sol... Edern se tenait là, le bras droit plié devant son visage, contrant le laser qui exerçait une force sans précédent sur lui... Ses pieds s'enfonçaient dans le sol, des millions d'étincelles l'effleuraient, et quelques projections le frôlaient à plusieurs reprises... Et soudain tout s'arrêta, laissant une épaisse fumée noire autour du chasseur qui s'écroula à genoux...

- E...Edern... murmura Keith.

Un silence pesant s'installa... Tous les regards étaient posés sur lui... Mais soudain une explosion causée par une munition de Clath se forma dans un grand fracas. Et tandis qu'il rechargeait son fusarbalète, le Gravios chutait une nouvelle fois au sol. Edern, qui avait la tête baissé, lâcha subitement son arme, et attrapa le katana de Keith... Il se mit ensuite à courir à une vitesse phénoménale vers le wyvern qui poussait des hurlements plaintifs... Lui-même se mit à hurler dans sa course; et lorsqu'il fût arrivé au niveau de la tête du Gravios, il fit un saut spectaculaire dans les airs, le katana armé vers l'arrière, sifflant à travers le vent... Il enfonça ainsi l'épée dans l'œil du Gravios qui poussa un cri abominable... Il retira sec son arme qui libéra un flot de sang qui s'échappait d'un grand trou pourpre... Il observait le liquide rouge s'écouler le long de la fine lame... Et alors qu'il croyait avoir gagné, il n'eut presque pas le temps de voir l'énorme queue du monstre qui le frappa de plein fouet... Il n'entendait plus rien, ne voyait plus rien, ne sentait plus rien... Il respirait de façon saccadée, à la limite de l'étouffement... Sa vue était désormais floue... C'est alors qu'il vit une énorme tâche grisâtre s'approcher de lui. Il serra ainsi son poing droit, de toutes ses forces, y concentrant toute sa rage... Quelques secondes plus tard, il fixait la patte du Gravios s'élever dans les airs, prête à s'écraser sur lui sans aucune pitié... Et tandis que le wyvern rabaissa brutalement sa patte vers le chasseur, ce dernier frappa au même moment d'un énorme coup de poing qui brisa la jambe du monstre en deux... Les hurlements de celui-ci se multiplièrent, pendant qu'il se tordait lamentablement de douleur au sol...

- Passes moi ça ! s'écria Nelly envers Clath tout en lui arrachant le fusarbalète des mains.

Elle se mit ensuite à courir vers le Gravios, tout en rechargeant son arme... Après cela, elle enfonça violemment le canon du fusil dans l'œil troué du monstre, et appuya enfin sur la gâchette...

- BAISSE TOI ! ordonna-t-elle à Edern qui plongea sur le champ.

Une grande déflagration s'ensuivit, pulvérisant littéralement le crâne du Gravios qui mourût sur le coup... Une marre de sang s'était formée autour de son cadavre inerte... Les chasseurs se regardèrent tour à tour, essoufflés par le combat.

- Edern... C'est... enfin ton bras... dit Nelly d'un air inquiet.
- Inquiète toi plutôt pour Keith... moi je ne souffre pas...
- Mais... tu saignes beaucoup et... pourquoi tu ne nous a rien dit ?
- Ca guérira... Je dois y aller...
- Attends ! lança-t-elle désespérée.

Mais il n'écouta pas son appel, et partit vers la sortie après avoir récupéré son épée... Des larmes commencèrent à couler le long de ses joues recouvertes de sang... Il avançait, tête baissée, les poings serrés... Arrivé près du mur, il commença à frapper de toutes ses forces dessus, broyant complètement son poignet gauche, mais cela ne l'empêchait pas de continuer...

- POURQUOI ! Monde de me*** ! Pourquoi moi pu*** !! s'écria-t-il en sanglotant...

Puis il commença à se sentir faible... Ses coups devenaient plus las... Ses jambes tremblaient, sa tête tournait... "Pourquoi ?" souffla-t-il dans un dernier murmure, avant de perdre connaissance...

Il se réveilla enfin, parmi les arbres de la forêt qui menait à Cysnea. Clath le portait sur ses épaules, tandis que Nelly aidait Keith à marcher. Il observait le magnifique ciel bleu foncé, parsemé de nombreuses étoiles toutes plus resplendissantes que les autres. Il sourit...

- Alors Clath... tu fais parti de la Guilde ? demanda-t-il soudainement.
- Oh t'es réveillé ? Je suis de la Guilde oui ! Un chasseur de rang quatre !
- Qu'aimerais tu... avoir de plus dans ta vie ?
- Mmmh... Ne plus avoir à ressentir la peur, pour pouvoir aider mes amis... T'as une idée toi ?

Edern eut un sourire, tandis que des souvenirs défilaient dans sa tête...

- J'aimerais... pouvoir faire revivre mes parents...
- Uh... Désolé...

Edern ne répondit pas, prit dans ses pensées... Mais il aperçut cependant de nombreuses lueurs orangées au loin... Au dessus de celles-ci, aucune étoile n'apparaissait... Non, le ciel était comme recouvert... Et c'est alors qu'ils sortirent enfin de la forêt... Tout sembla être au ralenti pour Edern... Bien qu'il sentait son cœur battre plus vite et plus fort contre sa poitrine... Il posa pieds au sol, et hurla, hurla longuement, déversant toutes les larmes de son corps... Il regardait sa ville natale s'embraser dans de gigantesques flammes... Il regardait le feu dévorer toute vie sur son passage... Il entendait les cris provenant de Cysnea... Puis il se mit à courir, espérant trouver l'auteur de ce gigantesque brasier... Il entra dans la ville à toute allure, fonçant droit devant lui, comme si rien ne pouvait l'arrêter... Puis il trouva Zack... Son ami était adossé contre des ruines, recouvert de sang, à moitié mort...

- Hey Zack ! Zack ! Tu m'entends vieux frère ? cria-t-il en lui tapotant sur les joues.
- Edern... c'est toi ?...
- Qu'est ce qu'il s'est passé ? Il faut que tu me dises ! Je t'en supplie ! dit-il en continuant de pleurer de plus belle.
- Tu... pleures ?... Aides-moi...
- Je te promets que je t'aiderai si tu me réponds ! S'il te plaît...
- On est... on était parti en mission avec Genovis... On devait... retrouver Neorth... Tu sais... ils ont essayé de recréer les écailles du Fatalis pourpre... Ils ont transplanté les prototypes sur le corps de Neorth... et il... il... c'est un monstre Edern... Il est entièrement recouvert d'écailles noires... ses yeux rouges... luisent plus fort que n'importe quelle source de lumière... Et il... a une puissance démesurée... c'est lui le responsable de cet incendie...
- Neorth... non c'est... impossible... NEOOOOORTH !!!!!!!!!!!!!!!!!!
- Aides moi... murmura Zack en s'agrippant à la tunique d'Edern.
- Je... viens...

Edern aida son ami à se lever, et ensemble ils traversèrent les ardentes flammes qui rendaient leurs corps en sueur... Le sang de Zack se déversait sur le visage et les épaules de son compagnon... Ils chutèrent maintes fois dans cette énorme fournaise... Ils n'avaient plus la force de continuer, pour eux, tout était devenu noir, et sans raison de vivre... Edern observait les flammes qui l'entouraient... il les fixait, et y voyait ses parents, le Fatalis, Neorth, des larmes, du sang...

Chapitre 6


- Edern ! s'écria Nelly en le voyant avec Zack.

Il ne répondit pas, mais fixa son regard de ses yeux humides. A ce moment là, Nelly ne put s'empêcher d'observer le bras d'Edern... Ce dernier baissa la tête, et reprit sa marche avec son camarade en contournant le jeune fille qui restait là, debout... Ils passèrent devant Clath et Keith qui les regardaient bouche bées.

- Edern... dit Kuntsel qui s'approchait en toussotant.
- Kuntsel !... Tu vas bien ?
- La Jevira prend feu... Tout va trop vite j'ai pas le temps de t'expliquer... Cours avec moi vite !
- Mais et Zack ?!...
- Pars avec lui... Il m'a déjà expliqué... Il faut que tu saches tout ce qu'il a à te dire... répondit Zack.
- ILS SONT LA BAS !! s'écria un homme en armure au loin.
- Qui ça "ils" ?! demanda Edern.
- AMENES TOI ! lança Kuntsel en lui tirant le bras.

Edern laissa tomber Zack au sol contre sa volonté, emporté par la vitesse de Kuntsel... Il regardait tous ces visages autour de lui, qu'il ne reverrait peut être pas. Il se demandait ce qu'il se passait, où il allait, si Zack allait s'en sortir... Il repensait à Nelly... Il ne parvint pas à distinguer de cette distance les soldats qui les poursuivaient. Son souffle s'accélérait, ses jambes prenaient de la vitesse, et ses yeux restaient fixés droit devant lui.
Ils sortirent enfin de la ville, et se dirigèrent ensuite vers la forêt pour s'y cacher. Ils y arrivèrent au bout de quelques minutes, essoufflés, et se cachèrent ensemble derrière un buisson parmi tant d'autres. Ils se regardèrent longuement avant que Kuntsel ne commence à parler.

- Ils veulent notre peau tu sais ?
- C'était qui ?
- Des soldats... de la Jevira...
- Hein ?! Pourquoi nous tueraient-ils ?
- Ils te veulent toi... Mais ils veulent aussi tuer tous ceux qui te sont proches...
- Mais... Je...
- La Jevira a toujours voulu s'imposer à Cysnea. Mais les meilleurs chasseurs allaient tous à la Guilde, à part quelques exceptions comme Zack et Genovis. Ils cherchaient donc un moyen de la concurrencer, et ont commencé à développer des laboratoires, chose que ne possédait pas la Guilde. Ils ont fait divers expériences, jusqu'à celle qui t'as donné cette forme il y a trois ans. Ils ont ensuite continuer à l'appliquer sur des personnes qui ne pouvaient refuser, des personnes à l'agonie par exemple, pour reprendre du pouvoir sur la ville. Mais leurs méthodes sont contestées, et pour que tout le monde se soumette, ils veulent créer l'être suprême.
- Qu'est ce que ça leur apportera de me tuer ?
- On ne peut te prélever des écailles tant que tu es en vie. Et ils en ont besoin pour tenter de créer cet être. Regarde bien : la force du Fatalis pourpre était l'une des plus grande de la nature. Imagine la combinée à celle du Fatalis... C'est leur but... tuer le Fatalis pour récupérer ses écailles...
- Et pourquoi ils ne me tuent pas alors ?
- Parce qu'ils ont besoin de toi... Ils se servent de toi... La base de toute cette histoire se développe autour du Kirin. Ils ont besoin de son sang pour s'en servir comme élixir, et avoir une puissance démesurée le temps d'abattre le Fatalis. C'est comme ça qu'ils ont tué le Fatalis pourpre : ils ont réussi à blesser le Kirin, juste de quoi avoir de son sang. Genovis en a bu, et a ainsi décimé le Fatalis pourpre. Mais le Kirin est protégée par deux wyverns légendaires : le Rathalos argenté, et la Rathian dorée. Tant qu'aucun des deux monstres n'est tué, le Kirin ne peut être blessé. Si c'est la Rathian qui meurt, le Kirin est vulnérable le jour, si c'est le Rathalos qui meurt, le Kirin est vulnérable...
- La nuit...
- T'as tout compris...
- Mais alors comment ont-ils pu blessé le Kirin ?
- Question de logique... ils ont tué la Rathian dorée... Mais depuis que le Cheval lumineux a été blessé, on ne l'a plus jamais revu la journée... Il ne se montre que la nuit pour tuer les humains, il ne cherche plus qu'à se venger...
- Et donc en quoi ils ont besoin de moi ?
- Le Rathalos argenté est beaucoup plus agressif que sa femelle. Il est presque impossible de l'abattre, bon nombre de chasseurs sont morts au combat face à lui. Sa carapace brillante de mille feux n'a jamais cédé contre aucune arme... C'est là que tu entres en jeu...
- Mais maintenant que je suis au courant, leur plan ne pourra jamais marcher si ?... Je n'abattrai jamais le Rathalos.
- C'est pour ça qu'ils veulent te manipuler en tuant tous tes proches... Ils n'arrêteront pas avant que tu l'es tué...

Edern baissa la tête, et se mit à réfléchir... Tout ce qu'il venait d'apprendre l'abasourdissait... Il entendit soudain de nombreux pas rapides non loin...

- Qu'est ce qu'on va faire alors ? chuchota-t-il.
- Retourner toutes leurs abominations contre eux... répondit Kuntsel en murmurant.
- De toute façon la Jevira vient d'être décimée par l'incendie...
- Ce que tu peux être niais... Ce n'était qu'un de leur avant poste parmi tant d'autres, tout comme la Guilde en a des centaines.
- Mais...
- Leur base principale se trouve à l'Ouest, dans la gigantesque cité de Nerheïm. Il faudrait la détruire, cela provoquerait une perte énorme dans leur camp. On pourrait ensuite facilement s'occuper des autres avant postes à l'aide de la Guilde.
- Hin, c'est bien beau tout ça, mais t'as une idée de comment on va s'y prendre ?
- Je te l'ai dit... retourner leurs abominations contre eux... Je suis sûr qu'au fond de toi tu as une certaine haine envers la Jevira, que tu as toujours eue même avant que je ne te parle de tout ça. Pour tous ceux qui ont subi le même sort que toi, il en va de même, il y en a même certains qui deviennent fous, mais si chacun attaque de son côté, on y arrivera jamais...
- Et c'est quoi ton plan ?...
- Un plan qui va finir en bain de sang...
- Huh...
- Tu connais la ville de Fallêgas ?
- Oui l'une des villes les plus prestigieuses de ce monde, à l'Est...
- On y organise souvent des fêtes énormes avec un nombre de personnes hallucinant. L'objectif est d'organiser notre propre fête là-bas, et de trouver un prétexte pour qu'il y est le plus de monde possible. Tous les guerriers de la Jevira viendront pour nous capturer, y compris ceux qui ont subi les expériences, et peut être que ceux qui ont fuit la société après l'avoir subie viendront aussi. Ensuite, il s'agit juste de faire un discours convainquant quoi... et aussi de savoir courir très vite...
- Ouais rien que ça hein...

Ils sourirent tous les deux quand ils entendirent des pas se rapprocher... Ils coupèrent leur respiration pour éviter le moindre bruit... Mais un soldat avait fini par les repérer et alerta ses camarades qui se précipitèrent tous dans leur direction. Les deux amis se levèrent pendant qu'Edern tranchait la tête du premier guerrier, et ils se mirent à courir parmi les arbres.

- FAUT QU'ON SE SEPARE !! lança Kuntsel dans sa course.
- QU'EST CE QU'IL Y A ?!! demanda Edern.
- RETROUVE MOI A L'ENDROIT PREVU DANS TROIS JOURS !!!
- D'ACCORD J'Y SERAI !!
- ET NE TE FAIS PAS SUIVRE !!

A ces mots, chacun d'eux prit une direction différente et ils semèrent les soldats peu à peu. Edern repensait à tous ses amis qu'il avait du abandonné, et s'inquiétait pour eux depuis ce que lui avait dit Kuntsel... Il s'enrageait dans ses pensées en parcourant les broussailles hostiles qui encombraient son chemin...

- C'est de ma faute... Tout est de ma faute ! Ils auraient du me laisser crever !...

Chapitre 7


Edern se retrouva enfin seul au milieu de toute cette végétation. Il effleurait les feuilles sur son chemin du bout des doigts, et inspirait profondément l'air pur. Il ne voyait pas grand chose devant lui, si ce n'est quelques faibles rayons lumineux provenant de la lune. Il marcha ainsi pendant de longues heures, dans une grande lassitude... Il écoutait le chant de la rivière qui effleurait les rochers près de lui, le vent qui sifflait à travers les feuillages de la forêt. Il s'approcha du rivage, et s'accroupit face à l'eau. Il observa longuement son reflet, et plongea sa main gauche dedans, effectuant quelques mouvements répétitifs sur sa surface...
Mais soudain il fut violemment attiré dedans dans un bain de sang. Son bras gauche parcouru de longues plaies profondes lui faisait atrocement mal, tandis qu'il s'apercevait enfin qu'un Plesioth venait de l'attaquer. Le wyvern plaqua ensuite Edern contre la paroi de la rivière, accentuant ainsi la teinture rougeâtre de l'eau. Il ne voyait plus rien et s'agitait désespérément, gaspillant le peu d'air qui lui restait... Le Plesioth le percuta une nouvelle fois en pleine poitrine dans un grand bruit sourd... Mais cette fois-ci, Edern attrapa la nageoire de sa tête avec sa main gauche, et frappa d'une force phénoménale le monstre de son autre main. La bête lâcha prise, et il put enfin reprendre de l'air. Il tenta de remonter sur le bord, mais fut une nouvelle fois entraînée dans la rivière, sa jambe étant piégée dans la grande gueule du wyvern enragé. Le Plesioth l'envoya ensuite brutalement dans la boue, au fond de l'eau, dans un grand nuage de poussière... Edern dégaina son arme et plaça la pointe de son épée face à lui, attendant que le wyvern le attaque... Et le monstre ne tarda pas à charger, se prenant une grande partie de la lame dans sa mâchoire ensanglantée... Le jeune adolescent en profita pour remonter à la surface, mais fut terrifié lorsqu'il vit que le courant l'avait amené jusqu'à une énorme chute d'eau. Il nagea vers le bord de toutes ses forces, mais le courant était beaucoup trop fort pour lui. Il aperçut alors le bout de la queue du Plesioth, et l'attrapa pour que le monstre le retienne. Mais la bête ne parvint pas à résister, et tous deux chutèrent de plusieurs dizaines de mètres avant de retomber dans l'eau... Edern était toujours conscient, son épée à la main et mit enfin pied à terre. Il tomba quelques secondes après, souffrant atrocement de sa jambe blessée. Il recracha l'eau et le sang qui étaient dans sa bouche, et observait la surface de la rivière, de peur que le Plesioth ne revienne... Une pluie battante commença à tomber sur la forêt... Edern se sentait impuissant, fixant son bras gauche recouvert de plaies... Il regardait son sang s'écouler lentement, se mélangeant aux grandes flaques d'eau qui se formaient... Des gouttes ruisselaient le long de la lame de son épée, et dans sa chevelure de cornes... Il vit soudain le Plesioth surgir de l'eau dans un saut spectaculaire, entouré de milliers de petites gouttes qui scintillaient à la lueur de la lune... Il prit alors son arme en main, et se releva lentement, dans une grande souffrance. Il serra les dents, et s'approcha du plus vite qu'il put vers sa cible dans de longs cris. Mais il fut brutalement renvoyé d'un puissant coup de queue... Son arme vola quelques mètres plus loin, s'enfonçant dans la terre inondée... Il observa alors le Plesioth qui s'approchait de lui à grands pas... Il ferma les yeux, et serra ses poings si fort qu'il en avait presque mal... Pour lui, il était déjà mort... "Tu… vas vivre… promets-le moi…"

- Désolé... je n'ai pas su tenir ma promesse...

Mais soudain, son bras droit se mit à luire d'une très forte luminosité de couleur pourpre... C'était comme de très fines coulées de lave qui dégageaient une puissante lueur autour des grands pics de sa carapace... Il ouvrit ensuite ses yeux qui brillaient comme deux rubis... Un vent puissant commença à se former autour d'Edern... La rivière se déchaînait, les arbres se courbaient, l'herbe se plissait, et le Plesioth reculait... Les nuages au dessus de lui prirent une teinture pourpre, et des éclairs écarlates apparurent dans le ciel apocalyptique... Il flottait à quelques centimètres du sol qui se brisait sous ses pieds, le corps étiré vers l'arrière... Puis il envoya d'un coup une puissante onde de choc vers le Plesioth dont les écailles qui s'enflammaient se désintégraient à grande vitesse. Le wyvern mourut sur le coup, et tout s'arrêta en un instant... Edern était allongé sur le sol, face contre terre, inconscient...

Edern ouvrit enfin les paupières, se réveillant dans de grandes douleurs aux membres. Il se rendit bientôt compte qu'il était allongé dans une marre de sang, et que ses blessures n'avaient pas guéri... Il se sentait faible, et poussait de petits cris involontaires qui sortaient du fond de sa gorge... Il baignait dans la grande luminosité de ce début de journée, ce qui rendait son corps en sueur. De plus, une odeur cadavérique s'engouffrait dans ses narines... Il aperçut à ce moment un énorme squelette de Plesioth face à lui, entouré de sang séché. Il se rappela alors de son combat de la veille... Il fixa ensuite longuement son bras droit, et le pouvoir qu'il avait déclenché lui revint également en mémoire.

- Arrggh... Bordel...

Il se releva péniblement et tituba jusqu'à son épée qui n'avait pas bougé. Il attrapa la poigne et la retira sec avant de la ranger dans son dos. Il décida de repartir malgré ses blessures, et commença sa lente marche vers Fallêgas. Mais soudain, il aperçut une petite nageoire de Plesioth à la surface de l'eau... Il posa sa main sur le manche de son arme, et recula discrètement vers l'intérieur de la forêt... Mais une grande giclure d'eau brouilla sa vue tandis qu'il dégainait son arme... C'était en réalité un homme qui venait de s'éjecter de la rivière... Un homme en armure de Cephalos, d'où sortaient des nageoires et une longue queue couleur corail. Il était armée d'une épée courte et d'un bouclier. Edern l'observa avec étonnement, et rangea son arme.

- Hin, la Jevira a encore frappé...
- Elle ne t'as pas épargné non plus à ce que je vois... D'ailleurs tu serais pas Edern ?
- Si... et toi ?...
- Je m'appelle Lan. T'inquiètes pas je ne te veux pas de mal... T'es bien amoché dis...
- Ouais c'est un Plesioth qui...
- EDERN ! EDERN T'ES VIVANT ! s'écria Clath qui venait d'arriver sur les lieux.

Il fonça droit vers son camarade et lui sauta dans les bras. Ils tombèrent à la renverse quand Clath se rendit compte qu'Edern était gravement blessé.

- Mince, désolé ! Je voulais pas...
- Laisse tomber... Argh... C'est rien... Comment tu vas ?
- Ca va mais...

Il bloqua sa phrase à cet instant, et baissa les yeux avec mélancolie.

- Qu'est ce qui se passe ?
- C'est qui lui ?
- Il s'appelle Lan, je viens de le rencontrer.
- Enchanté, lança Lan.
- Edern, faut qu'on aille à Morguïn...
- T'es malade ?! Qu'est ce que tu veux aller faire là-bas ?!

Morguïn est une région délaissée, sans vie, qui s'étend autour du volcan. Il n'y a aucune habitation là-bas, juste un énorme bastion qui sert de prison pour les êtres les plus dangereux... On dit qu'ils meurent tous au bout de quelques jours, à cause des vapeurs empoisonnées qui s'échappe des très nombreuses coulées de lave ardentes... De plus, le bastion est surveillé par de nombreux Rathalos domptés, très agressifs.

- Keith, Zack et Nelly y ont été emprisonnés...
- Pu***... La poisse... J'devais aller à Fallêgas, c'est important...
- Et toi, qu'est ce que tu veux aller faire là-bas ?... surtout dans ton état... répondit froidement Clath.
- On avait un plan avec un ancien camarade de la Jevira pour remonter les humains qui ont subi les expériences contre eux... Il s'agissait d'organiser une fête à la cité de Fallêgas, et d'y rassembler le plus de monde possible afin de leur faire comprendre que la Jevira ne doit plus exister...
- Ambitieux... Mais vaut mieux pas perdre de temps, ils sont en danger à Morguïn...
- Edern, je peux m'occuper de ton plan à Fallêgas si tu veux... proposa Lan.
- Mais j'ai un ami qui m'attend à la cité...
- Tu sais quoi ? répliqua Clath, on va en vitesse à Fallêgas, tu te soignes là-bas, tu retrouves ton ami, tu lui expliques que Lan veut bien vous aider, on récupère un cheval, et on se précipite à Morguïn !
- Moi ça me convient... répondit Lan.
- On fait comme ça alors... Tu m'aides à marcher ?
- Ouep ! Ne perdons pas de temps.

Clath releva Edern, et mit son bras autour de ses épaules. Tous les trois partirent ensuite vers Fallêgas, sous la chaleur accablante du soleil qui reflétait ses rayons sur la surface argentée de la rivière.

Chapitre 8


Après plusieurs heures de marche, ils sortirent enfin de la forêt. Ils arrivèrent face à d'énormes cultures de blés, d'orge, ou encore d'avoine. La rivière continuait à s'écouler près d'un petit village d'où provenait de la fumée. Ils décidèrent de s'y rendre pour faire une pause, accablés par la chaleur du soleil.
Quelques minutes plus tard, ils arrivèrent à l'entrée du village, accueillis par deux samouraï qui leur barrèrent la route.

- Halte ! Qui êtes vous ?! s'écria l'un d'eux.
- De simples chasseurs monsieur, répondit Clath.
- D'où venez-vous ? De Nayat ?!
- Nous venons de Cysnea, une ville à l'ouest de cette forêt...
- Je vous ai pris pour des espions... Mais quel est cet homme blessé et encapuchonné ?
- Un ami, il aurait besoin de soin si possible...
- Qu'il nous montre son visage ! On ne soigne pas n'importe qui ici !
- Mais...
- Laisse... répondit Edern qui enleva sa capuche.
- Ca alors... que t'es-t-il arrivé mon grand ?
- Rien de bien grave...
- Entrez donc, je vais vous amené à l'infirmerie.
- Ce ne sera pas la peine... dit Edern d'une voix grave.

Son visage se crispa à ce moment, en même temps que son bras droit se mit à luire vivement.

- Montre moi tes blessures, tu es recouvert de sang jeune homme ! Il faut s'en occuper !
- Il y a de cela quelques secondes, vous étiez prêt à nous renvoyer, répondit-il froidement.
- Ah ça, répondit le deuxième samouraï, c'est bien Ukari, pardonnez-le !
- Je vais mieux de toute façon... Voyez par vous-même.

Il releva la manche de son bras gauche qui était entièrement guéri, tout comme sa jambe auparavant recouverte de blessures. Lan le regarda d'un air inquiet, comme s'il redoutait qu'il n'arrive quelque chose à Edern.

- Eh bien ! Pourquoi ces hommes ne sont-ils toujours pas rentrés ? demanda une femme en armure de samouraï.
- C'est que...
- Tais-toi donc Ukari ! Salutations voyageurs, je me nomme Nula, chef de ce village, bienvenue à Tsün. Suivez-moi.

Ils écoutèrent la femme qui était déjà repartit dans le village, et la suivirent pendant plusieurs minutes sans adresser la parole. Ils remarquèrent que de nombreuses personnes couraient dans tous les sens, la plupart avec des armes en mains...

- Vous n'êtes pas d'ici, n'est ce pas ? demanda-t-elle en continuant à marcher.
- Uh non, répondit Clath.
- Evidemment, sinon vous ne seriez pas venus...
- Pourquoi cela ? demanda Lan.

La femme s'arrêta avant de se retourner.

- Un Lao Shan arrive. Nous n'en avions pas vu depuis des siècles dans ces contrées. Les habitants de Nayat doivent en être les responsables... Leur village est situé à quelques kilomètres d'ici. Hin, ces sois disant guerriers...
- Un Lao Shan ? lança Lan.
- Vous ne les appréciez pas vos voisins à ce que je vois... rétorqua Edern.
- Nous sommes en guerre depuis des années innombrables. Ils viennent régulièrement nous piller, heureusement nous sommes durement entraînés au combat.
- Dans combien de temps arrive le Lao Shan ? demanda Clath.
- Il est déjà ici, un peu plus loin... Nous avons déjà des hommes qui le combattent, paix à leurs âmes...
- Où a lieu le combat ? demanda Lan.
- Lan on a pas l'temps... répondit Clath.
- Vous voyez derrière vous la vallée, entre ces deux chaînes de montagnes ? Cela fait déjà quelques heures que nous le retenons là bas, de l'autre côté de la rivière...
- Et Nayat ? Ne peuvent-ils pas vous venir en aide ? Leur propre survie en dépend... dit Edern.
- Ils se moquent bien de tout cela... Ils fuiront quand ils comprendront qu'il est trop tard...
- Edern, ton ami t'attend dans deux jours au soir, n'est ce pas ? demanda Lan.
- Oui...
- Comment s'appelle-t-il ?
- Kuntsel.
- Je pars pour Nayat. Il faut qu'ils nous aident. Faut qu'on se batte tous ensemble... Ce serait lâche de partir... Je trouverai Kuntsel dans deux jours à Fallêgas, en attendant, il faut arrêter cette bête... De toute manière, si personne ne l'arrête, elle finira par atteindre Fallêgas... continua Lan.
- Edern on a pas l'temps, tu oublies Keith et Nelly qui sont emprisonnés... avec Zack... répliqua Clath.
- On ne peut pas laisser cette bête tout ravager... La vie de trois personnes ne compte pas plus que celle de milliers de gens... rétorqua Edern.
- Mais ce sont de mes amis que tu parles !
- Ce sont les miens aussi...
- Edern...
- Vas à Morguïn si tu le souhaites, je vais rejoindre le champ de bataille.
- Bon choix Edern, lança Lan, mais suis-moi, faut que j'te parle...

A ces mots, les deux compagnons s'écartèrent du groupe, sans qu'Edern ne comprenne pourquoi Lan voulait s'isoler.

- Edern... Regarde moi. Regarde ce que je suis devenu...
- Je vois bien merci...
- Je sais que tu as des pouvoirs... Ceux du Fatalis pourpre doivent d'ailleurs être terrifiants... Mais plus tu les utiliseras, plus ton corps va muter. Regarde moi encore, tu vois à quoi je ressemble maintenant ? Je trouvais ça fantastique de pouvoirs respirer dans l'eau, pouvoir nager aussi rapidement qu'un poisson... Mais je regrette, je regrette absolument tout...

Edern ouvrit grandement sa main droite, et en fixa la paume, longuement. Il resserra ensuite son poing, et le recouvra de sa manche.

- Je sais ce que je fais... A plus Lan.

Au même moment, un éclaireur arriva dans le village, l'armure complètement pulvérisée, recouvert de sang et de poudre à canon. Il boitait longuement vers Nula qui s'approcha de lui. Edern les rejoignit pour savoir de quoi il s'agissait.

- L... La... La vague a été complètement décimée... Il... Il n'y a aucun survivant... dit l'éclaireur en bégayant, et en fondant en larmes.
- Bien, merci pour ton courage, répondit Nula, Edern, si tu veux te joindre à nous, c'est le moment.
- Je viens.
- Bien... DERNIER ASSAUT !!!! RASSEMBLEMEEEENT !!!!
- Edern... je... t'accompagne... dit Clath en tremblotant.
- Merci Clath... répondit-il en souriant.
- PLUS VITE !! continua-t-elle.

Quelques secondes plus tard, des centaines de soldats lourdement armés étaient rassemblés à l'entrée de Tsün, tous attentifs aux ordres que donnaient Nula. Edern écoutait sa douce voix, pleine de charisme.

- Ukari, mène la cavalerie jusqu'à la vallée, fais de ton mieux pour les motiver. Je m'occupe de l'infanterie. Ne charge que lorsque je t'en donnerai l'ordre...
- Bien madame.
- EN AVANT !! cria-t-elle en levant son poing vers le ciel.

L'armée se mit à marcher d'un pas rapide vers l'étroite vallée qui n'était qu'à quelques minutes d'ici. Ils passèrent sur un grand pont de bois qui permettait de traverser la large rivière. Le bruit des pas résonnait dans la tête d'Edern comme si on lui frappait le crâne continuellement. Il marchait tête baissée, aux côtés de Clath et de Nula, perdu dans ses pensées.
Quelques minutes plus tard, ils arrivaient à l'entrée de la vallée qui était submergée par la brume. Edern observait le champ de bataille d'un air horrifié... Tout ce sang, tous ces corps qui gisaient ça et là, et cette odeur puérile... Il regardait ces visages pâles, défigurés... L'armée s'était stoppée... Le Lao Shan se trouvait à quelques dizaines de mètres devant eux, et commençait à hurler de son puissant cri légendaire... Mais un bruit aigu résonna dans les airs, le bruit d'une lame qui frottait contre sou fourreau... Ukari venait de dégainer son arme, et il la maintenait pointée vers le ciel couvert... Bientôt, toute l'armée avait répété le même geste... Tous criaient pour se donner du courage... Edern s'avança de quelques pas, et dégaina à son tour sa grosse épée métallique... Il passa le côté tranchant de son arme au creux de sa main gauche, puis arma brusquement son bras vers l'arrière.

- A L'ATTAAAAAQUE !!!! s'écria Nula en accourant vers le gigantesque Lao Shan.

Et dans un grand bruit de tonnerre, tous s'élancèrent dans une course effrénée... Le bruit des sabots grondait comme jamais... Edern et Clath couraient côtes à côtes, lancés à pleine vitesse vers le Lao Shan qui dévorait ses premières victimes...

Chapitre 9 : Première partie


Le carnage prenait une intensité sans précédent, la rage des guerriers s'abattait littéralement sur le Lao Shan qui poursuivait ses hurlements assourdissants. Les lames des deux amis sifflaient dans le vent en direction du monstre qui piétinait sans pitié ses adversaires. Ils arrivaient enfin au niveau de sa grande gueule qui inspirait la terreur. Ils stoppèrent leur course, comme la plupart des soldats qui arrivaient à cette position...

- EDERN ATTENTION !! hurla Clath en voyant la patte du Lao Shan s'abaisser vers son ami.

Edern effectua alors une roulade et réussit à esquiver l'attaque qui donna lieu à un épais nuage de poussière. Il contre attaqua alors d'un grand coup d'épée dans la partie arrière du membre écailleux, sans réussir à percer la robuste carapace pourpre. Pendant ce temps, Clath ruait de coups rapides et précis la tête du monstre sur laquelle il était monté d'un saut impressionnant. Des giclures de sang étaient projetées dans tous les sens, ce qui énerva la bête qui s'agita nerveusement pour se débarrasser de son agresseur. Clath chuta alors, mais se releva aussitôt. Ses cheveux blonds recouverts de sang se mêlaient au vent qui soufflait fortement dans la vallée... Mais sans qu'il ne s'en aperçoive, une des pattes du monstre venait de se poser juste à côté de lui dans un grand fracas qui recouvra le bruit des craquements d'os. La surprise l'avait fait tombé, mais un samouraï l'aida à se relever. Il vit à ce moment une silhouette se diriger à toute vitesse vers le dragon... C'était Nula qui longeait le long cou du Lao Shan, et qui dans un saut spectaculaire enfonça son épée dans la gorge du monstre. Elle retira sec sa lame recouverte de sang et se mit à frapper à plusieurs reprises sur la carapace frontale du monstre.

- J'arrive Nula ! s'écria-t-il en s'élançant vers elle.

Edern la rejoignit à son tour, et tous trois se positionnèrent face à la gueule grande ouverte du Lao Shan... Le dragon poussa à ce moment un cri si puissant que des projections de sang s'échappèrent de sa gorge et éclaboussèrent les trois guerriers.

- EN AVANT ! s'écria Nula en fonçant droit vers le Lao.

Les autres soldats reprirent courage et suivirent la charge menée par leur chef. Nula qui maniait parfaitement son katana effectua un vif mouvement si précis qu'il trancha net une dent du monstre. Ce dernier riposta d'un grand mouvement de tête, et tua ainsi une dizaine de soldats qu'il plaqua contre la paroi rocailleuse. Tous se jetèrent à nouveau sur sa tête, tous sacrifiaient leur vie pour l'arrêter... Mais il les pulvérisait tous comme de vulgaires insectes et continuait sa marche... Il semblait invincible... Nula se plaça soudain seule face à lui...

- N'AVANCE PLUS ! NE FAIS PLUS UN PAS DEMON ! hurla-t-elle d'une voix forte mais sanglotante.

Les larmes coulaient le long de ses joues, son visage dessinait des traits de terreur, mais elle tenait position, son épée pointée vers la gueule qui monstre qui approchait peu à peu.

- NULA !! s'écria Clath en se dirigeant vers elle.

Mais soudain le monstre avança brusquement sa tête vers la jeune femme qui poussa un cri strident... Le choc fut rude, l'épée s'était brisée en deux, et Nula fut brutalement projetée au sol, inconsciente, au bout d'une longue trainée rougeâtre... Clath souleva sa tête de sa main gauche, et tentait de la ranimer. La mâchoire ensanglantée du monstre avait également encaissé un grand coup...

- CLATH ! hurla Edern lorsqu'il vit le Lao Shan tenter une nouvelle attaque.

Clath dut lâcher Nula et effectua un grand plongeon vers l'avant afin d'esquiver la morsure... Il se retourna ensuite et sauta majestueusement dans les airs avant de planter avec force sa lame dans le crâne du dragon...

- PRENDS CA ENFLURE !
- REDESCENDS CA VA SECOUER !! ordonna Edern.

L'ancien soldat de la Jevira arma alors son bras droit vers l'arrière, et frappa ensuite d'un coup d'une puissance phénoménale dans la mâchoire du Lao qui alla s'écraser lamentablement contre les rochers. Il se lança ensuite dans une course intense vers sa victime afin de terminer le travail, mais celle ci le renvoya d'un coup de patte impitoyable... Il était désormais allongé sur le sol, le visage trempé, recouvert de boue... Il essayait d'appuyer sur les énormes griffures dans son dos pour apaiser la douleur qui l'insupportait... Il croisa le regard de Nula qui n'était pas morte... Il fut soudain interrompu par de grand bruits d'éclats répétitifs près de lui... Clath frappait sans relâche la patte du monstre dont les écailles cédaient peu à peu... De fines plaies se formaient au fur et à mesure que sa lame percutait la carapace pourpre du monstre qui recevait des pluies de flèches. Mais soudain le Lao se laissa emporter dans une rage incontrôlable... Il tourna dans tous les sens, balayant tout ce qu'il pouvait de sa longue queue, arrachant même la paroi de rocs... Les cris de douleur se multipliaient, et la peur reprenait le dessus sur l'armée... Le monstre observa alors tous les soldats qui restaient tétanisés devant l'énorme silhouette du Lao. On ne voyait plus rien, l'affolement du dragon avait soulevé une quantité de poussière gigantesque...

- NULA CA VA ALLER ? demanda Edern, toujours allongé sur le sol, baignant dans son propre sang.
- Je crois oui !...

Edern vit à ce moment Clath poser un genoux devant lui. Les deux amis se regardaient droit dans les yeux, puis tirèrent un sourire.

- Tiens bon... on va l'avoir, lança Clath.
- Relèves-moi... dit Edern en tendant la main à son camarade.
- Merci...

A ces mots, il se dirigea ensuite vers la queue du Lao shan qui avait très rapidement progressé depuis son attaque.

- Edern tu comptes faire quoi ?!
- Vous sauver... Et voir de quoi je suis capable même blessé...
- Fais pas le con !...

Clath regarda la silhouette d'Edern disparaître dans la brume, puis alla s'occuper de Nula qui n'avait pas bougé.

- Maintenant je vais m'occuper de ton cas... murmura Edern dans sa marche douloureuse...

Son bras se mit à luire d'une luminosité aveuglante, tandis qu'il attrapa fermement le bout de la queue du Lao Shan... "TU VAS COMPRENDRE MAINTENANT !" s'écria-t-il avant de tirer brusquement de toutes ses forces... Ce fut impressionnant... Il traîna la montagne pourpre d'une dizaine de mètres, en faisant frotter son flanc gauche contre les rocher avant de la relâcher brutalement... Il attrapa ensuite une plate qui se trouvait sur le dos du dragon et l'arracha violemment, avant de déchirer le muscle à découvert à l'aide de sa grosse épée métallique... La haine l'avait envahie, et l'avait rendu comme aveugle, tandis qu'il poursuivait son carnage dans le dos du dragon qui se tordait de douleur...

- Et maintenant... dit Edern avant d'être interrompue par une voix qui lui était familière...
- NULAAAAAA !!!!!!

Chapitre 9 : Deuxième partie


Des frissons parcoururent le corps d'Edern lorsqu'il entendit ce cri de frayeur. Il sauta alors sur le sol, épée en main, et se mit à courir à toute vitesse dans l'épaisse brume.

- CLATH T'ES OU ?! s'écria-t-il.

Il agitait sa tête dans tous les sens pour tenter de les retrouver, et finit par entendre de faibles pleurs non loin... Il s'y dirigea à pas lent, le visage mélancolique, avant d'enfin repérer leurs silhouettes... Edern vit alors le corps de Nula étendu sans vie dans les bras de Clath dont le visage était couvert de larmes. Le jeune chasseur accroupi observa son ami qui venait d'arriver, et fixa son regard sur la grosse épée qu'il tenait en main, enveloppée de sang.

- Tu... tu n'es même pas resté... Tu as préféré aller te battre tout seul... murmura faiblement Clath.
- Que voulais-tu que je fasse ?
- C'est à cause de toi... On aurait du les convaincre de fuir, et non pas de combattre... Et moi qui t'ai suivi...
- Je me bats pour vous ! Si on arrête pas cette foutue bête ce n'est pas que Nula et son village qu'elle va éradiquer !
- Regarde dans quel état tu es... Tu t'isoles de plus en plus. Qu'est ce que tu fais de l'amitié ? Tes amis souffrent et tu ne t'en rends même pas compte.
- On est pas seul ! Il y a des millions de gens qui aimeraient vivre tout autant que nous ! Nula serait morte de toute façon !
- Si ça se trouve, Zack et les autres sont eux aussi déjà mort, mais ça, t'as pas l'air de t'en préoccuper... dit Clath en reposant délicatement Nula sur le sol.
- Il y a un temps pour combattre et un temps pour pleurer. Là c'est pas vraiment le moment d'avoir des regrets... Faut pas se laisser aller.
- T'as fait ton temps ici, tu peux partir Edern. On peut l'abattre sans tes pouvoirs démoniaques...

Clath repartit ensuite vers le Lao Shan, tête baissée, sans se retourner. Edern restait là, debout, le regard déposer sur le cadavre de Nula. Il ne bougea pas pendant de longues minutes, perdu dans ses pensées. Le silence était revenu, seul le souffle du vent berçait les oreilles d'Edern. Il rangea alors son épée, enfila sa capuche, et alla du côté opposé au combat, vers le fond de la vallée. Il ne sentait même plus ses blessures dans son dos, ni les cadavres sur lesquels il était en train de marcher... Mais il trébucha soudain sur l'un d'eux et son visage s'enfonça brutalement dans la boue... Il se releva lentement, puis observa les alentours. Il ne voyait que des corps qui gisaient près de leurs membres arrachés... Il reprit alors sa marche, sans s'interrompre une seule fois.
Au bout d'un long moment, il se retrouva face à une énorme falaise.

- Hin, manquait plus que ça, un cul de sac...

Il balaya du regard les environs, cherchant un moyen d'escalader la falaise. Mais son regard se fixa sur des sortes d'énormes roches ovales... Leur courbe était si parfaite qu'il ne put croire à ce que ce soit de la pierre. Il s'approcha alors, les caressant du bout des doigts.

- Serais-ce... des œufs ?!

Il remarqua que certains d'entre eux semblaient brisés, et décida de ne pas s'attarder dans les lieux. Il grimpa alors avec souplesse, attrapant lianes et pierres pour s'aider à monter. Il arriva essouffler au sommet, et observa la vue sinistre qui s'offrait à lui... On les appelait les Terres Hostiles... C'était une énorme région volcanique de l'ouest, entourée d'une chaîne de montagnes noires, dans lesquelles se trouvent la prison de Morguïn... Plus loin que ces montagnes encore, se trouvait la cité de Nerheim, foyer principal de la Jevira.

- On se contentera des montagnes hein... dit Edern en reprenant sa marche.

Pendant ce temps, Clath tentait toujours de repousser l'antique dragon avec l'aide des samouraïs. Il était à bout de force, mais n'abandonnait pas pour autant... Il frappait le dragon de son imposante épée, esquivait ses attaques, sautait, plongeait, ripostait...

- CLATH, TROUVES NULA ET DIS LUI QU'ON SE REPLIE A LA RIVIERE !! lui ordonna Ukari.
- Nula est morte...
- C... Comment ?!
- Je suis désolé... Je t'aide à ramener les troupes...

Clath se mit alors à courir dans tous les sens, donnant l'ordre de repli à tous les guerriers autour de lui. Ils sortirent ainsi de la vallée, et traversèrent tous le pont à toute vitesse.

- PLACEZ LES BARILS EXPLOSIFS SUR LE PONT ! METTEZ EN AUSSI PRES DES PILLIERS !! hurla Ukari.
- C'est quoi le plan ? demanda Clath.
- Faire chuter le Lao Shan dans la rivière.
- Ca suffira pas...
- T'as une meilleure idée petit ? Si ce n'est pas le cas, laisse moi faire mon travail.

Clath soupira, et décida de retourner en courant vers le petit village à quelques centaines de mètres. Il y arriva essouffler, et commença à fouiller dans tous les recoins.

- Bordel où est leur réserve de munitions !

Il ouvrait toutes les portes, les claquait, balançait au sol tous les objets sur son chemin, et cherchait du regard des barils de munitions.

- Ah les voilà !

Cependant, même après les avoir trouvé, il continua à fouiller énergiquement dans les réserves, comme s'il cherchait quelque chose de spécial. Au bout de quelques secondes, il retira du baril plusieurs boîtes jaunes, où étaient gravées sur le couvercle "Munitions électriques".

- Parfait !

Il attrapa un sac qu'il trouva dans un coin de la pièce, et le remplit au maximum de ces boîtes, avant de l'enfiler autour de ses épaules. Il repartit ensuite à toute vitesse vers le pont, espérant qu'il ne soit pas trop tard...
Il arriva au bout de quelques minutes, et fut interpellé par Ukari qui se tenait près de lui.

- T'arrives au bon moment gamin, ça va être sa fête ! dit-il fièrement.
- Ouais, ça tu l'as dit... murmura-t-il tout bas.

Clath reprit alors sa course vers le pont où était positionné le Lao Shan, quand soudain d'énormes explosions retentirent dans les plaines... Une déflagration époustouflante pulvérisa le pont, d'où tomba brutalement le Lao Shan. De gigantesques vagues submergèrent alors une partie de l'armée qui n'avait pas prévu un tel raz de marée. Un silence pesant venait de s'installer... Tous restaient figés, attendant de voir si le Lao était définitivement mort ou non... Mais ils eurent vite leur réponse lorsque le cou de celui-ci surgit brusquement de la surface entouré de millions de gouttelettes. L'armée s'affola de nouveau, et beaucoup se mirent à fuir... Clath se remit à courir à toute vitesse vers l'eau, percuté par les soldats qui fonçaient dans le sens contraire... Le dragon était sur ses quatre pattes, les membres antérieurs posés sur le rivage...

- M**** vite vite !!

Clath passa près de la tête du dragon qui manqua de mordre le jeune chasseur élancé vers la rivière. Arrivé à quelques mètres de l'eau, il envoya de toutes ses forces le sac dedans, espérant ainsi stoppé le Lao Shan... Mais rien ne se passa... Clath restait là, et regardait impuissant le sac qui flottait à la surface de l'eau... Il tomba sur les genoux, se prit la tête dans les mains, puis ne bougea plus. Le Lao Shan, lui, continuait sa traversée, comme si rien ne s'était passé, ignorant complètement le jeune chasseur abattu...

- RRAAAAAAAAAAHHHH !!!!!!!!!!! s'exclama Clath en se relevant brusquement, JE VAIS T'APPRENDRE MOI !!

Il attrapa son arbalète qu'il avait gardé dans son dos, y plaça une munition dans le chargeur, nettoya son viseur, puis posa un genoux sur le sol... Il plaça le manche sur son épaule, coupa sa respiration, puis visa le sac qui n'avait toujours pas coulé... Il appuya enfin sur la gâchette tout en plongeant vers l'arrière pour éviter d'être blessé par une éventuelle explosion... Soudain, l'eau clignota vivement à cadence rapide d'une couleur blanchâtre, et laissait paraître quelques fins éclairs bleutés à sa surface, tout comme sur tout le corps du dragon qui hurlait de douleur... Le Lao Shan qui se tordait de douleur glissa violemment sur le sol... Clath le regardait agonisé, attendant impatiemment son dernier souffle... Il ne se préoccupait même pas des soldats qui l'entouraient et qui l'embrassaient... Il attendait juste la mort du dragon... Et au bout de quelques instants, alors que le monstre le fixait lui aussi du regard, la bête mourut dans la rivière à la teinture rougeâtre...

Chapitre 10 :


Edern était adossé contre un rocher, un bout de pain à la main, et observait le paysage face à lui. Le ciel sombre au dessus des montagnes noires lui firent froid dans le dos. Il était arrivé dans un endroit désertique, sans vie, sans eau... Il était seulement entouré par de grands et nombreux rochers grisâtres. Sa vue devenait floue au fur et à mesure qu'il perdait du sang, bien que sa blessure guérissait, mais trop lentement... Il versa des restes de potion sur les griffures dans son dos et jeta le flacon qui éclata contre un rocher. Il rangea alors sa nourriture dans sa sacoche, puis repartit aussitôt. Mais soudain, un long cri à la fois rauque et strident lui glaça le sang... Ses poils se hérissèrent, il restait figé surplace. Ce cri lui rappela tant d'images... Des flammes lui vinrent en tête, des hurlements, des explosions, le visage de son père ensanglanté... Cette ombre qui filait dans le ciel cette nuit là... Lorsqu'Edern réalisa enfin qu'il s'agissait du Fatalis, il se plaqua immédiatement contre un rocher afin de se camoufler aux yeux de la bête... Son souffle s'accéléra, ses yeux restaient fixés vers le ciel nuageux. Et il vit cette même ombre que lors de ses quinze ans qui traversait le ciel à toute vitesse en direction du volcan... Il attendit quelques instants qu'elle s'en aille, et tenta de se remettre de ses émotions. Peu de temps après, décida de reprendre sa route vers Morguïn.
Quelques heures plus tard, il effectua une nouvelle pause, accablé par la chaleur qui le faisait suer. Mais tandis qu'il s'apprêtait à s'asseoir, il entendit des gémissements derrière le rocher où il s'était arrêter. Il coupa net sa respiration, et dégaina lentement son épée en faisant attention à ne pas faire de bruit... Il contourna ensuite le rocher à pas lents, le regard attentif au moindre mouvement. Il aperçut soudain une Rathian rose et recula brusquement. Il pencha finalement sa tête pour l'observer en détail, quand il aperçut une jeune fille face au wyvern. Elle était équiper d'une armure aux écailles roses, et d'un arc noir. Edern ne bougeait plus, se demandant ce qu'il devait faire... Et alors qu'il s'apprêtait à intervenir, il se rendit compte que la fille qui semblait être une chasseuse étaient en train de caresser la tête de la Rathian. "Mais qu'est ce qu'elle fait ?!" se demanda Edern en hésitant toujours à agir. Mais la posture déséquilibrée sur laquelle il s'était arrêté le fit chuter au sol dans un grand bruit sourd. Il se releva vivement en pointant son épée vers la wyvern et en les fixant tous les deux. La Rathian se mit à rugir mais la fille la calma presque aussitôt.

- Hey... Si je m'attendais à voir quelqu'un en ces lieux, dit finalement la jeune chasseuse.
- Etrange hein ?... Moi c'est Edern...
- J'm'appelle Ritz.
- Et euh... tu connais cette Rathian ?
- Non... mais je les dompte assez facilement... Dis moi... Tu es un soldat de la Jevira n'est ce pas ?
- Non pas du tout je...
- Je reconnais tes équipements...
- Mais j'étais un soldat mais...
- J'avais les mêmes avant...
- Hein ?
- Au tout début, je faisais partie de la Guilde, je suivais les traces de mon père, tentant de le rendre le plus heureux possible étant donné que ma mère est morte d'une maladie. Il était très bon à la chasse et m'a enseigné beaucoup de choses, mais je ne pardonnerai jamais sa mort à la Guilde. Je sais... qu'ils n'y sont pas pour grand chose, c'est un wyvern qui l'a tué mais ça m'a fait un vide quand il est mort... J'ai donc rejoint la Jevira, mais ils ne valent pas mieux que la Guilde...
- Pourquoi avoir quitté la Jevira ?
- Je te retourne la question...
- Je... c'est une longue histoire.

A ces mots, Ritz retira son casque et laissa Edern la dévisager. Un léger bruit sortit involontairement de la gorge du chasseur qui fut surprit à la vue de son visage. Elle semblait avoir subi une expérience similaire à la sienne. Edern plongeait son regard dans les splendides yeux bleus de Ritz qui ressemblaient comme deux gouttes d'eau à celle de la Rathian près d'elle. De très nombreux piques noirs extrêmement fins et longs, légèrement flexibles, formaient la chevelure de la chasseuse qui ne disait plus rien.

- T'as déjà du voir des trucs similaires non ? demanda-t-elle d'une faible voix.
- Tu m'étonnes... dit-il d'une voix ébahie.

Il retira alors sa capuche et découvrit son bras, et attendit tête baissée la réaction de la jeune fille.

- Si je devais m'attendre à voir quelqu'un en ces lieux, et en plus quelqu'un qui me ressemble !... dit-t-elle surprise.
- T'es pas la seule.
- Au fait, t'allais où ? Tu sais ça craint là-bas...
- Je vais sauver des amis. Ils ont été emprisonnés par la Jevira à Morguïn. Je peux pas les laisser mourir, dit Edern en repensant aux paroles de Clath.
- Je peux t'accompagner ?
- Non merci ça ira...
- Mais pourquoi ? Je peux t'être utile tu sais ! Enfin je dis ça si tu penses que je vais t'encombrer.
- Ce sont mes amis, t'as rien à voir là-dedans, c'est risqué si tu viens. Et puis c'est trop compliqué. J'ai des trucs à faire, la Jevira me recherche, elle veut me tuer...
- Comment ça ? Mais laisses moi venir ! Moi je reste là toute seule à errer...
- Je peux pas désolé.
- Je pourrai faire la garde de nuit ! Comme ça tu pourras te reposer sans penser à la Jevira, et je te préparerai tes petits déjeuners ! Et comment tu feras si jamais t'es blessé ? Moi je peux te soigner tu sais ! Il faudra juste me faire un petit peu confiance, mais je m'y connais en herbe et...

Edern écoutait Ritz qui ne s'arrêtait pas parler, il l'écoutait mais finalement il ne faisait même pas attention à ce qu'elle disait. Le simple fait de la voir agiter ses mains au rythme de ses paroles, et d'écouter sa douce voix le faisait sourire.

- Stop stop... J'ai compris... dit-il en souriant.
- Alors c'est oui hein ?
- Oui mais... vu comme tu es excitée... quand je te demanderai de te taire, s'il te plaît fais le hein ?
- Oui chef ! J'essayerai c'est promis ! dit-elle en sautillant avec un grand sourire.
- Bien, alors on y va, on devrait arrivé d'ici quelques petites heures.

Edern se mit à marcher quand soudain sa nouvelle compagnon se mit hurler de terreur.

- Qu'est ce qui se passe ?! Ya un wyvern ?!
- Tout ce sang... c'est le tiens ?!
- Euh... oui.
- Et tu pars comme ça ?! Heureusement que j'suis là !
- ...
- Aller fais pas le timide je vais te soigner !
- Mais j'suis pressé là !...
- Et tu crois que tu vas aller jusqu'à où comme ça hein ? Aller viens.

Edern céda sous le caprice de Ritz, et s'accroupit devant elle pour qu'elle applique sa médecine. La jeune chasseuse était à la fois écœurée par tout ce sang, et en même temps étonnée de la musculature d'Edern, ainsi que des quelques écailles qui commençaient à grimper dans son dos. Elle profitait de ce moment pour caresser tendrement son partenaire, et cela dura ainsi pendant plusieurs minutes, jusqu'à ce qu'ils repartent ensemble dans des éclats de rire...

Clath, pendant ce temps, galopait à toute vitesse à travers les plaines sur son grand cheval noir. Ses cheveux se mêlaient sauvagement au souffle du vent, et sa tunique planait frénétiquement dans le vide. Il se dirigeait droit vers Morguïn, le regard froid. Un regard qui dégageait de la haine, un regard plein de détermination...

Chapitre 11 :


L'air empesté de souffre irritait les narines d'Edern et de Ritz. Les deux compagnons avançaient à travers les vapeurs floutées s'échappant des nombreuses fissures rougies de braises. Ils étaient au cœur de la chaîne de montagnes noires qui entourent Nerheim. Des éclairs orangés éclataient dans le ciel pourpre, recouvert par quelques nuages obscurs. Et ils virent enfin le gigantesque bastion qui servait de prison face à eux, au milieu d'un énorme plateau en pente... C'était comme un énorme bloc sans aucune architecture, avec quelques rares meurtrières en haut des murailles. Quatre tours de garde renforçaient les quatre coins du bâtiment recouvert de suie. En haut de chacune d'elle trônait un Rathalos, à l'allure agressive et au regard noir. Cependant, la forteresse semblait endormie... Devant elle, des centaines rochers parcouraient le sol plat; Edern et Ritz allaient s'en servir pour se faufiler dans leur descente.

- Alors... dit Edern essoufflé, tu regrettes pas d'être venue ?
- Si ce n'était pas pour gêner la Jevira, je t'aurai bien laisser y aller tout seul...
- Ca fait plaisir de se sentir soutenu... répondit-il d'un air ironique.

Au bout de longues et pénibles minutes, ils s'arrêtèrent derrière un rocher et s'assirent lourdement. Ils étaient en sueur et avaient du mal à respirer. Chacun se regardait dans les yeux, comme pour compatir de leur souffrance mutuelle. Ils ne se trouvaient plus qu'à une centaine de mètres de la prison... Edern repassait les images de ses amis dans sa tête... Etaient-ils morts ?... Il ne voulait pas se l'imaginer, sa rage le détruirait...

- Ritz... Merci d'être venue...
- Je t'ai dit, si ce n'était pas pour...
- Merci quand même, dit-il avec un sourire.

Elle sourit à son tour, et un long silence suivit leur courte conversation.

- Bon... Je crois qu'il faut y aller... Qu'est ce que t'en dis ? demanda Edern.
- T'as une idée de comment on va s'y prendre ?
- Pas vraiment, on avisera.
- Il y a quatre Rathalos prêts à nous dévorer, et on ne sait combien de troupes de la Jevira à l'intérieur... dit Ritz d'un ton pessimiste.
- Dis moi, tu avais quel rang à la Jevira ?
- J'étais HR5...
- Alors allons-y... dit-il en se levant.
- Attends ! s'écria Ritz en lui attrapant le bras.
- Ecoutes-moi... On a été entraîné pour des situations extrêmes, je crois qu'il est temps qu'on utilise nos talents, non ?
- Edern... J'ai peur... Si je restais seule, c'était pour fuir... Fuir la société, fuir la Jevira, fuir les combats...
- Tu n'es plus seule. Je suis là, et mes amis nous aideront. Il faut qu'on rentre le plus vite possible à l'intérieur, mais surtout, il faut qu'on reste ensemble...

Elle ne répondit pas, mais observa longuement le jeune chasseur plein de détermination. Elle se sentait en confiance avec lui... Comme si rien ne pouvait lui arriver. Elle sentait l'adrénaline monter en elle, son cœur se mit à battre, son souffle s'accélérait, des larmes lui montèrent aux yeux, et soudain, Edern se leva brusquement en hurlant.

- MAINTENANT ! s'écria-t-il en emportant Ritz par la main.

Les deux chasseurs se mirent à courir dans une course à l'allure folle. Ils furent repérés au bout de quelques secondes par les Rathalos qui s'élancèrent dans les airs. Mais ils ne s'arrêtèrent pas pour autant, et se dirigeaient droit vers l'énorme porte de bois.

- Qu'est ce que tu fais ?! hurla Edern en voyant Ritz sortir son arc et une flèche.
- Tu crois qu'on va rentrer comment ?!!

Quelques secondes plus tard, elle s'arrêta soudainement, visa la porte, et décocha une flèche qui partit à toute vitesse sur l'entrée. Sous les yeux ébahis d'Edern, la porte s'arracha dans le souffle de l'explosion causée par la flèche. Ritz elle-même n'en revenait pas, et tira un grand sourire.

- RITZ ATTENTION ! cria Edern lorsqu'il vit un des Rathalos piquer vers elle.

Elle l'esquiva sans trop de problème, mais deux autres se dirigeaient sur la jeune chasseuse à toute vitesse, et dans de grands hurlements. Edern courait vers la jeune fille aussi vite qu'il le pouvait, se débarrassant de son bras droit du Rathalos qui le harcelait. Mais ce dernier ralentissait trop sa course, et le jeune soldat ne put qu'observer le choc qui allait avoir lieu. Mais contre toute attente, Ritz décocha une flèche à la trajectoire parfaite qui alla se loger dans le crâne d'un des wyverns. Elle effectua ensuite une roulade pour esquiver le deuxième monstre, reprit une flèche dans son carquois, et visa le Rathalos qu'elle venait de blesser. Elle lui renvoya un projectile qui transperça nettement son flanc droit. La bête gémît une nouvelle fois, et repartit vers les cieux pour récupérer un peu.

- RITZ COURS FAUT QU'ON ENTRE !

Edern était déjà lancé à toute vitesse vers l'entrée, poursuivit par trois Rathalos. Ritz le suivit alors, et tenta de gêner les bêtes en tirant dans sa course. Et tandis que le jeune chasseur arrivait dans la prison, il attrapa au dernier moment de son bras droit une patte d'un Rathalos au dessus de lui, et l'envoya brutalement s'écraser contre le mur dans un nuage de poussière. Il plongea ensuite à l'intérieur pour ne plus être ennuyé par les wyverns et se retrouva encerclé par une dizaine de soldats de la Jevira. Ritz arriva dans une longue glissade quelques secondes après, et les deux jeunes compagnons se fixèrent du regard. Les soldats rechargèrent alors leurs fusarbalètes tour à tour, et tous pointèrent les deux cibles.

- Cessez toute résistance, et vous aurez la vie sauve, dit l'un d'entre eux.
- Hin, c'est drôle... Enfin, pas trop finalement... répondit Edern.

A ces mots, Edern projeta l'un d'eux à l'aide d'une onde énergétique qui sortit de son bras. Il profita de la surprise des autres pour trancher la tête d'un soldat à l'aide de son épée, et continua ainsi son carnage. Ritz quant à elle sautait, roulait, esquivait, tirait, brisait la nuque des uns et des autres, pendant qu'Edern les empalait, les égorgeait et les décapitait, se protégeant des balles grâce à la taille imposante de sa lame métallique... Quelques secondes plus tard, il ne restait que des cadavres allongés dans un bain de sang...

- Tu te bats bien, dit Edern avec un sourire, viens vite faut monter, ils sont sûrement en haut.

Ils se mirent alors à monter quatre à quatre les marches d'un grand escalier en colimaçon qui donnait accès à plusieurs grands couloirs à chaque étage. Mais soudain, alors qu'Edern venait d'arriver en haut d'un étage, il fut brutalement projeté au milieu du couloir dans une grande explosion de flammes et d'étincelles. Des coulées de sang se déversaient sur son visage et trempaient ses vêtements déchirés... Sa peau ensanglantée était recouverte de brûlures affreuses aux nuances noirâtres... Il releva douloureusement sa tête, et aperçut un Rathalos à quelques mètres devant lui. Ritz arriva à ce moment, et poussa un gémissement involontaire à la vue de son camarade gravement blessé. Elle recula, les mains posées sur sa bouche, et les larmes coulant de ses yeux... Mais une main attrapa soudainement sa nuque et l'envoya violemment au sol.

- Hin, bande d'inconscients, c'est comme ça que vous voulez sauver vos amis ? dit un homme encapuchonné à la voix grave, et au visage caché par un voile noir.

Zack, Nelly, et Keith étaient tous les trois agenouillés les mains derrière la tête, chacun braqués par un fusarbalète de différents soldats. Genovis était là aussi, mais debout, aux côtés de l'homme qui semblait être le chef.

- Genovis... Comment peux tu... nous trahir... dit Edern avec difficulté et dégoût.
- Ce n'est pas moi qui ai joué mon rebelle, à ce que je sache, c'est vous qui avez changé de camp.
- L'homme Ceanataur m'a tout expliqué dans la forêt... C'est pour ça que je suis parti... Et des soldats de la Jevira m'ont coursé lors de l'incendie à Cysnea.
- Qu'est ce que tu veux que je te dise... Tu es censé être déjà mort...
- Enflure... Vous n'aurez jamais ce que vous voulez... Je n'abattrai jamais le Rathalos argenté, répondit-il d'une voix sournoise, avec un léger sourire.

Genovis attrapa Zack par les cheveux à ce moment, et le leva brutalement. Il plaça ensuite sa lame écarlate sous son cou et la fit légèrement glissé contre la gorge de sa victime...

- Tu préfères voir tous tes amis mourir devant tes yeux ? Ou qu'ils aient la vie sauve en échange de ta coopération ? demanda sévèrement Genovis.
- Directeur Colnor... Vous êtes là aussi... reprit Edern, les larmes aux yeux.

Il ne répondit pas, et son visage ne changea même pas d'expression. Edern plongea ensuite son regard dans les doux yeux bleus humides de Ritz...

- REPONDS OU J'L'EGORGE ! s'impatienta Genovis.
- Fuis Edern... dit Keith en sanglotant, tu m'as déjà sauvé la vie une fois, je t'en suis reconnaissant...
- Il a raison, reprit Zack toujours menacé, c'est de toi qu'ils ont besoin, ne reste pas ici...
- LA FERME ! s'écria Genovis qui s'énerva brusquement.

Des gouttes de sang giclèrent soudain sur le sol... Genovis venait d'entailler la gorge de Zack, de façon à le laisser en vie, mais dans la souffrance...

- ZACK ! hurla Edern.
- J'AI DIT LA...

Mais Genovis fut soudain interrompu par Colnor qui lui attrapa la tête, et qui lui porta un violent coup de genou au visage. Il tua ensuite de ses propres mains plusieurs soldats autour de lui, mais il s'arrêta soudain lorsqu'un coup de feu retentit... Sa hanche droite était trouée d'une balle que venait de tirer un des hommes armés... Il voulut se venger en courant droit vers lui mais une lame rougeâtre s'enfonça pleinement dans son ventre.

- Je vous admirais... chuchota Genovis dont le nez était plein de sang, avant de retirer sèchement sa lame et de l'envoyer contre le mur.
- Directeur ! hurla désespérément Edern.

Les prisonniers désarmés ne bougèrent pas, sachant qu'ils n'auraient aucune chance à mains nues face à un Rathalos et des membres entraînés de la Jevira... Edern quant à lui ne savait plus quoi faire, ses membres ne répondaient plus, ses larmes coulaient à flot, et il regardait son meilleur ami agonisé sur le sol, respirant son propre sang... Il les entendait tous sangloter devant lui... Il voulait que ce cauchemar se termine, il aurait même voulu mourir sur le champ... Mais soudain, une grande explosion de flammes ouvrit une brèche dans le mur, et un Rathalos alla s'écraser dans le couloir, agressé par un chasseur blond...

Chapitre 12 :


CLATH ! s'écrièrent-t-ils tous en même temps.

Le nouvel arrivant acheva sa victime d'une munition perçante qui traversa le crâne du wyvern. Le Rathalos qui était déjà là se mit à rugir puissamment, et les soldats se mirent à tirer sur lui mais il contrait les balles qui venaient à lui à l'aide de l'épée que lui avait confié Nula. Il tua ainsi les hommes restants de la Jevira, et tandis qu'il passait à côté du Rathalos, il lui trancha furieusement la gorge, pendant que l'homme masqué reculait à pas lents vers la sortie, et que Genovis se dirigeait vivement vers lui. Keith en profita pour se lever brusquement et courir droit vers Edern. Il le regarda droit dans les yeux, avant de prendre son épée métallique et de se diriger à toute vitesse vers Genovis qui combattait avec Clath. Les deux soldats se disputaient dans un combat acharné à l'épée dans de grands bruits d'éclats aigus. Ils attaquaient, esquivaient, contraient les assauts, sautaient vers l'arrière pour mieux revenir ensuite. Pendant ce temps, les deux filles étaient penchées sur Zack, et tentaient de guérir sa blessure à l'aide des herbes médicinales de Ritz. Keith venait d'engager le combat, mais Genovis maîtrisait parfaitement ce domaine et n'avait pas de mal à se défendre face à ses deux adversaires qui faisaient grincer leurs lames contre la sienne. Mais soudain, Keith plaça un violent coup de genou dans la hanche droite de Genovis qui se plia en deux, et rabattit ensuite sa lame sur le soldat qui contra cette attaque en élevant son épée écarlate dans les airs, et qui enchaîna ensuite d'un grand coup d'épée dans le thorax de Keith qui fut projeter au sol. Mais à ce moment là, Genovis sentit quelque chose de froid s'enfoncer dans son dos... Clath venait de l'empaler, et enfonça davantage encore son épée recouverte de sang...

- Traître... murmura-t-il en fixant ses yeux sur la pointe de l'arme qui venait de le transpercer.

Le jeune chasseur blond retira sèchement son épée, et laissa sa victime s'écrouler à genoux, les mains posées sur le sol...

- Vas pourrir en enfer... lança Clath qui se dirigea vers ses amis.

Mais soudain, l'homme masqué qui avait suivi la scène s'empara brusquement de Ritz, et et attrapa Genovis dans sa course, avant de plonger dans le vide à travers le trou qu'avait causé l'arrivée de Clath. Keith se pencha vivement dans l'ouverture, et les vit s'envoler sur le dos d'un Rathalos qui les avait rattrapé.

- RITZ ! hurla Edern en essayant de se relever douloureusement.
- Et me*** ! s'écria-t-il en frappant le mur du poing.
- Ritz... soupira Edern en retombant brutalement sur le sol.

Clath les observa partir jusqu'à ce qu'ils ne deviennent plus qu'un point dans le ciel, regarda quelques instants Zack à l'agonie puis se dirigea vers Edern. Il fixa son ami longuement, le regard mélancolique... Puis des larmes se mirent à couler le long de ses joues, avant qu'il ne s'écroule sur le corps de son camarade.

- J'suis désolé Edern...
- Désolé... de... quoi ? demanda-t-il le visage crispé.
- Je t'ai laissé partir... J'aurai pas dû... Zack va mourir par ma faute...
- Zack ne mourra pas ! Personne ne va mourir, dit Nelly d'une voix ferme.

Edern la fixa longuement... Son armure Kirin, ses mains, ses cheveux, tout était tâché du sang de son ami... Elle continuait inlassablement ses tentatives pour soigner Zack... Il posa sa main sur la tête de Clath et lui murmura à l'oreille.

- Où sont-ils partis ?...
- Je... Je sais pas... Je crois qu'ils sont partis... vers l'Est.
- Vers les marais hein ?

Il laissa lourdement tomber sa tête contre le sol. Il ne pouvait s'empêcher de penser à Ritz... Qu'allait-il lui arriver ?... Il se le demandait sans cesse... Il tentait de résister à ses blessures, et poussait souvent de long gémissements. Il vit à ce moment Nelly introduire une herbe bleue dans la bouche de Zack qui s'endormit presque aussitot, et la vit ensuite s'approcher de lui. Clath releva la tête, puis s'écarta avant d'aller contempler le paysage avec Keith.

- Zack s'en sortira, dit-elle après avoir fixé les yeux d'Edern.
- Merci Nelly...
- Dis merci à Ritz...
- Je peux pas vraiment pour l'instant... répondit-il en scrutant les horizons.
- ... On va la retrouver t'en fais pas, reprit-elle avec un sourire.

Il sourit à son tour, puis se laissa guérir par la jeune fille qui massa son torse presque nu, étant donné l'état de sa tunique. Il ferma lentement ses yeux, ressentant les douces mains de Nelly se poser sur son corps.

- C'est en me massant que ça va guérir ?... chuchota-t-il ironiquement.
- En tout cas ça a pas l'air de te déplaire, répondit-elle.
- Je suis pas en état de réagir, c'est pour ça.
- Et si tu l'étais, tu me repousserais ?
- Non, pas vraiment... Si je pouvais je te masserai bien moi aussi.

Elle rigola légèrement, puis déversa un flacon de potion sur les plaies d'Edern qui poussa un petit gémissement, et dont le corps se crispa immédiatement.

- Hey détends-toi.
- Facile à dire... dit-il d'une voix forcée.

Mais il se calma lorsqu'elle commença à étaler le liquide sur sa peau rougie de sang. Edern se sentait bien, et en venait même à oublier la douleur, au profit des petits frissons de plaisir que lui procuraient les caresses de Nelly. Mais tout s'arrêta subitement. Nelly s'était relevée, la tête penchée vers les cieux.

- Ben alors ? lui demandais-je.
- Bah ça y est, tu devrais aller mieux normalement...
- ... Merci.

Un long silence s'installa. Tous contemplaient le paysage hostile face à eux... Ces longues coulées de laves, ces énormes montagnes de feu...

- Faut y aller, coupa soudainement Edern.
- Ouais, faut qu'on retrouve Ritz, répondit Clath.
- Et comment on va faire ? demanda Nelly.
- Ils doivent être aller vers les marais, reprit Edern.
- Comment peux-tu en être sûr ? répliqua-t-elle.
- Moi tout ce que je sais, c'est que si on va là-bas, on a intérêt à être sur nos gardes... C'est le territoire du Rathalos argenté... dit Keith d'un air froid.
- Mais oui...Le territoire du Rathalos argenté... Ils veulent me forcer à le tuer... Avoir Ritz en otage leur facilite la tâche, continua Edern tête baissée, fixant son bras droit.
- Comment ça ? demanda Nelly.
- C'est une longue histoire, vaut mieux qu'on parte maintenant, répondit-il.
- Ne perdons pas de temps alors ! s'exclama Clath.

Edern prit Zack sur ses épaules, et tous sortirent du bastion au bout de longues minutes. Le plateau semblait mort, aucun bruit ne venait interrompre le silence, si ce n'est celui des quelques éclairs qui éclataient dans le ciel. Ils poursuivirent alors leur marche vers l'Est, tous bouleversés par la situation, tous perdus dans leurs pensées...

Chapitre 13 :


Quelques longues heures plus tard, après s'être éloigné de Morguïn, ils distinguaient enfin le ciel bleu marine de la nuit, parsemé d'étoiles. Ils se trouvaient face à une grande rivière qui remontait vers le nord jusqu'à Cysnea, et même au-delà. Les marais se trouvaient de l'autre côté de la rive. Ils apercevaient déjà la végétation inondée du marécage, où s'élevaient quelques feux follets de couleur bleuâtre, dissimulés par l'épaisse brume qui s'étendait jusqu'au dessus de la rivière.

- Faudrait faire une pause avant de traverser. Ca fait un moment qu'on a pas dormi, proposa Keith.
- Si on reste près de l'eau on peut se faire attaquer par un Plesioth... répondit Edern.
- T'en sais quelque chose hein, répliqua Clath.
- Ce sera toujours mieux que de dormir dans les marécages... lança Nelly.
- Bon et en attendant, on pourrait manger non ? demanda Clath.
- J'ai plus rien à manger, mes rations ont été désintégrées par le Rathalos... reprit Edern.
- Nelly et moi on a rien non plus, on nous a tout pris lorsqu'on était en prison, y compris nos armes. D'ailleurs je sais pas ce qu'on va faire si on croise un wyvern...
- Bon, j'ai un peu de nourriture que m'ont offert les habitants de Tsün lorsqu'on a abattu le Lao Shan, on pourrait repasser dans leur village dans les prochains jours pour récupérer des armes, en suivant les grands sentiers pour ne pas faire de mauvaises rencontres, recommanda Clath.
- Vous avez tué un Lao Shan ?! s'exclama Nelly.
- Ouais, grâce à Edern...
- Notre priorité c'est de retrouver Ritz, pas de récupérer des armes, même si ça me gênerait pas qu'on aille aussi récupérer des vêtements... rétorqua Edern.
- Et qu'est ce qu'on fera une fois qu'on se retrouvera face à de nouvelles troupes de la Jevira ? Ou même, comment on va se défendre si on croise le Rathalos argenté ? s'exclama Clath.
- Je m'en occuperai, reprit Edern sèchement.
- Bon, mangeons et ne perdons pas de temps, lança Keith, demain matin on traverse la rive et on cherche Ritz.

Ils s'adossèrent alors contre un tronc d'arbre dénudé de feuilles et à l'écorce abîmée. Clath qui s'était assit sur une racine sortit quelques champignons bleus qu'il distribua à parts égales à ses amis. Ils commencèrent ainsi à manger, Edern et Nelly ne se quittant pas du regard... Mais ils entendirent soudain de faibles toussotements provenant de Zack. Il venait de se réveiller tout en crachotant quelques gouttes de sang...

- Aïe... ma blessure... ça a déjà cicatrisé ?! s'exclama-t-il.
- Nelly et Ritz t'ont soigné, lui dit Edern qui s'était approché.
- Ritz c'est ta nouvelle copine ? demanda-t-il avec un sourire.
- Ah la ferme... Tiens, mange un morceau, lui répondit-il tout en riant.

Edern s'approcha alors de l'eau pour s'y accroupir, et contempla le sombre paysage, faiblement éclairer par la lueur pâle de la lune. Il fixait les feux follets qui s'agitaient au dessus des longs roseaux touffus et recouverts de toiles d'araignées.

- C'est si étrange... murmura-t-il.
- Ces feux follets ? demanda Keith qui venait de le rejoindre. On en trouve souvent dans les marais, et plus particulièrement dans celui-ci, vu le nombre incalculable de chasseurs ayant affrontés le Rathalos argenté...
- Non... Pas ces feux follets... Je ressens comme une présence...
- Quel genre de présence ?

Edern se leva à ces mots et revint vers ses amis qui étaient restés à leur place. Il scruta alors l'horizon, et vit une très vive lueur blanche au loin qui se dirigeait droit vers eux. Elle semblait planer à même le sol tellement sa vitesse était fulgurante, et ses pas légers. Edern et Clath dégainèrent leurs épées et se positionnèrent côte à côte.

- T'as une idée de c'que c'est ? demanda Edern.
- Non, mais on va pas tarder à le savoir...

Les autres se cachèrent derrière l'arbre et attendirent que l'étrange lueur arrive. Le temps leur semblait plus long et plus pénible... Edern ravala sa salive et resserra fortement ses poings autour du manche de son épée... Mais soudain ses yeux restèrent grands ouverts lorsqu'il distingua enfin la silhouette de cet être mystique...

- C'est... C'est le Kirin fait gaffe ! hurla Clath en attrapant son ami.

Le cheval blanc à la peau rayée d'éclairs bleutés s'arrêta une dizaine de mètre devant eux. Sa crinière lumineuse glissait sous le vent, et ses sabots grattaient le sol nerveusement... Ses poils semblaient se hérisser, et de fins éclairs commencèrent à se former autour de lui...

- Mais qu'est ce qu'il fou là... chuchota Clath.
- Protèges toi ! ordonna Edern lorsqu'il vit un éclair foncer sur eux.

La foudre percuta leurs épées dans un grand bruit aigu, et forma des traces rouges vives brûlantes sur leurs lames...

- FAUT QU'ON TRAVERSE LA RIVIERE ! hurla Edern pour que tout le monde l'entende.

Mais il n'avait pas vu le Kirin qui le chargeait, et du frapper au dernier moment de sa lame qui percuta un bouclier éblouissant. Il sentit juste après une corne s'enfoncer dans son ventre... Une étrange sensation s'empara alors d'Edern qui ressentait des douleurs à travers tout son corps... Le bête se retira de quelques pas et le jeune chasseur se tordit de douleur au sol dans d'atroces cris.

- QU'EST CE QUI M'ARRIVE !! ARRG !! s'écriait-il...

Les veines du jeune guerrier se mirent à luire d'un blanc éclatant, et il souffrait davantage encore au fil des secondes. Le Kirin restait là à l'observer, comme si cela le distrayait... Clath voulut se venger mais fit à son tour choquer sa lame contre le bouclier fluorescent. La bête l'observa quelques seconde, puis l'éjecta d'un violent éclair qui lui brûla sa poitrine... Clath s'écrasa aux pieds de ses amis qui ne pouvaient rien faire... Mais soudain, un rugissement d'une puissance phénoménale résonna au loin... Le Kirin réagît immédiatement à ce hurlement en élevant sa tête vers le ciel. Le cri se répéta à nouveau et le cheval partit sur le champ en sa direction, laissant les deux adolescents dans leurs souffrances. Mais plus la bête s'éloignait, plus la douleur disparaissait pour Edern, mis à part là où le Kirin avait enfoncé sa corne... Keith restait près de Clath et Zack qui étaient tous les deux allongés, tandis que Nelly se dirigea vers Edern qui reprenait son souffle.

- Ca va aller ?! demanda-t-elle.
- Arg... Oui... La douleur disparaît peu à peu...
- Hey Clath, tu m'entends ? demanda Keith en lui tapotant les joues.
- Ma poitrine me brûle... Arg...
- Nelly, passes moi des potions pour Clath.
- Il en faut aussi pour Edern, je vais en chercher.
- Ce cri... c'était quoi ? demanda Zack qui se rétablissait peu à peu.
- Je n'sais pas, peut être un Gravios des marais, répondit Nelly qui fouillait dans sa sacoche. Ah les voilà ! s'exclama-t-elle après avoir trouvé les potions.

Elle en envoya une à Keith et garda l'autre pour la déverser sur la blessure d'Edern qui hurla au contact du liquide... Elle le fixa longuement, accroupi à ses côtés. L'effet de la potion ne se fit pas attendre, et la blessure disparut difficilement au bout d'une minute ou deux.

- Pourquoi est-il parti ? demanda Edern.

Nelly ne répondit pas, mais l'embrassa soudainement pendant plusieurs secondes... Edern ne réagît pas à ce baiser, et se contenta de dévisager Nelly qui était recouverte de sang séché. Il se releva péniblement en même temps qu'elle en s'aidant de ses mains.

- Je vais nettoyer un peu mon visage dans l'eau, dit Nelly à Edern qui se dirigeait vers les autres.
- Pas de soucis...

Il se baissa face à Clath, et le giffla légèrement.

- Reprends-toi vieux, faut qu'on y aille, lança-t-il.
- Tu veux qu'on parte maintenant dans les marais ?... demanda Keith.
- Au moins, on sera beaucoup moins visible qu'ici...
- Sage décision... Je te suis.
- Je m'occupe de Zack, tu portes Clath.
- Allons-y.
- Nelly on part ! s'écria Edern pour qu'elle l'entende.
- J'arrive !

Ils pénétrèrent ainsi dans l'eau, et essayaient de nager vers l'autre rive, malgré le poids qu'ils portaient. Edern s'en sortait bien, mais Keith repassait plusieurs fois sous l'eau, à la limite de couler... Edern arriva finalement sur le bord, et aida Keith à monter avec lui. Nelly arriva quelques secondes plus tard, et tous égouttèrent leurs équipements. Un crachin se mit à tomber sur eux, les trempant davantage qu'ils ne l'étaient. Ils décidèrent donc de ne pas s'attarder à sécher leurs armes et autres objets et traversèrent la végétation très dense et touffue du marais. L'eau leur arrivait jusqu'aux genoux, rendant leur progression ardue.

- Mais qu'est ce que ça pue ici... grommela Edern.
- En plus des excréments d'animaux, il doit bien y avoir aussi des centaines de cadavres sous l'eau... pas étonnant que ça sente mauvais, répondit Keith.

Le visage de Nelly se crispa à ces mots, en même temps qu'un bruit s'échappait du fond de sa gorge.

- Les cadavres ont pas pu arriver jusqu'ici... Si ? demanda Edern.
- Bah tu sais, la quantité d'eau change souvent dans les marécages, en fonction des précipitations, et tout ce genre de choses. Enfin c'est sûr qu'on risque pas de tomber tout de suite sur un wyvern... reprit Keith.

Ils continuèrent leur pénible marche dans l'eau pendant de longues heures, mains posées sur leurs nez... Mais le niveau de l'eau diminuait peu à peu, et bientôt, il dépassait à peine leurs chevilles. Ils décidèrent de s'arrêter pour que les blessés reprennent des forces. Ils déposèrent alors leurs camarades au sol, et Nelly s'occupait d'eux pendant que Keith et Edern partaient éclairer le chemin.

- Au fait, comment vous vous êtes connues, toi, Nelly et Clath ? demanda Edern.
- A la Guilde tout simplement. On prenait plaisir à chasser ensemble, et on avait bonne réputation au bar. A vrai dire, on faisait aussi ça pour l'argent, étant donné que les chasseurs sont les plus riches. Je voulais payer une dague de cristal à ma fiancée, mais je n'ai pas eu le temps avec tout ce qui s'est passé.
- Ah désolé... C'est sans doute à cause de moi...
- Je l'aime beaucoup tu sais, elle doit s'inquiéter pour moi... Mais Clath est déterminé à t'aider, et il est hors de question que je retourne vers ma famille sans lui. Et puis, étant donné l'incident qu'il y a eu à Cysnea, je ne sais même plus où elle se trouve à cette heure ci.
- Tu es proche de Clath ?
- C'est un peu comme mon élève. J'étais déjà plutôt haut gradé à la Guilde quand je l'ai connu. Lui n'était encore un novice, je lui ai appris tout ce que je pouvais. Maintenant, il manie déjà mieux que moi les armes, que ce soit des fusarbalètes ou des épées. Il s'entraînait énormément, ce gars là il a de la volonté, mais pas beaucoup d'expérience, c'est pour ça que je préfère rester avec lui.
- Bon, on retourne voir Nelly, tout va bien apparemment.

Ils revinrent alors sur leurs pas tout en continuant leur discussion. Mais soudain, ils entendirent un grand rugissement au loin... Ils s'élancèrent dans une course rapide vers le cri, enjambant les obstacles dans des sauts spectaculaires, et écartant les grandes plantes sur leur chemin à l'aide de leurs bras... Ils virent alors l'énorme silhouette pourpre face à eux, montrant ses crocs à Clath qui se tenait debout devant Nelly... C'était un Lao Shan de petite taille pour son espèce. Il faisait une dizaine de mètres de long, et au moins cinq bons mètres de haut...

- C'est une de ses progénitures... J'avais vu ses œufs me*** ! s'exclama Edern.
- Au Lao Shan que tu as tué ?! rétorqua Keith.
- Oui viens vite ! s'écria Edern.

Chapitre 14 :


Clath tenait son épée à une main, l'autre tendue vers l'arrière pour établir une distance entre lui et Nelly. Il reculait à pas lents, prêt à réagir au moindre mouvement du Lao Shan. Mais finalement, il décida de l'attaquer le premier, et enfonça aisément sa lame dans le front de la bête qui grogna sur le coup, et qui se retira brusquement vers l'arrière. Le monstre semblait frustré, et se léchait le sang qui coulait le long de sa gueule entrouverte...

- Clath amènes toi ! On peut rien contre lui ! hurla Keith.

Le jeune chasseur blond le regarda un instant avec une expression hésitante. Mais voyant le dragon qui s'approchait, il souleva Zack sur ses épaules, attrapa la main de Nelly, et tous deux coururent vers Edern et Keith, poursuivis par le Lao Shan. Chacun de ses pas provoquaient d'énormes explosions d'eau et de boue, et un bruit sourd qui retentissait dans les oreilles des chasseurs... Sa course était si bruyante que l'on entendait à peine ses hurlements de haine...

- IL NOUS RATTRAPE ! s'écria Nelly.
- CLATH ENVOIES MOI TON FUSARBALETE ! hurla Keith.
- POURQUOI ?
- C'EST PAS VRAIMENT LE MOMENT DE POSER DES QUESTIONS !! s'énerva Keith.
- Tiens ! s'exclama Clath en envoyant son arme tout en continuant sa course.

Keith l'attrapa avec facilité et s'accroupit sur le sol... Les autres stoppèrent leur course une dizaine de mètres plus loin, et se retournèrent pour observer Keith. Ils étaient essoufflés, et apeurés pour leur ami qui restait seul face à l'énorme bête enragée... Il bloqua le fusarbalète sur son épaule, et se mit à pointer le Lao Shan qui accourait vers lui... Son regard restait fixé dans le viseur, prêt à appuyer sur la gâchette au bon moment... Il ravala sa salive, puis coupa son souffle... Tout semblait silencieux pour lui, et pourtant, le bruit s'amplifiait à l'approche du Lao Shan... Il pressa enfin son doigt sur la détente, mais n'entendit qu'un petit clique... Rien d'autre... Il appuya une nouvelle fois, puis une autre encore, et répéta cette action nerveusement pendant plusieurs secondes... De la sueur se mit à couler sur son front... Son cœur se mit à battre comme jamais, et sa respiration accéléra soudainement... Il lâcha alors le fusarbalète qui tomba lourdement sur le sol... Des larmes lui montaient aux yeux, tandis qu'il se retournait lentement vers ses amis... Il fixa droit dans les yeux Clath qui courait vers lui en sanglots... Mais Keith ne bougeait pas, il était comme déjà mort... Il vit à ce moment une énorme silhouette passer à côté de lui, mais il ne prit même pas la peine de la regarder... Il se fit soudainement attrapé par le bout de la queue du Lao Shan qui stoppa sa course. Tous restaient figés devant le monstre qui n'observait même pas la victime qu'il venait d'attraper. Le dragon les dévisagea pendant quelques secondes pendant qu'il élevait sa queue jusqu'à une hauteur impressionnante... Mais il la rabattit brutalement sur un rocher et éclata le crâne de Keith dans une rare violence. Du sang gicla jusqu'au visage de Clath qui ne bougea pas d'un centimètre... Il restait bouche-bée devant la mort de son ami qui était comme un père pour lui... Des coulées rougeâtres coulaient sur ses joues parmi les gouttes de pluies qui ruisselaient jusqu'à son cou... Il se retrouva soudain au beau milieu d'un nuage de fumée blanche, sans comprendre vraiment pourquoi. Mais il sentit soudain une main l'attraper brusquement et le tirer avec force. C'était Edern qui était venu le sauver d'une mort aussi terrible que celle de Keith... Ils couraient désormais tous parmi la végétation insalubre qui baignait dans l'eau verdâtre du marais, et plongèrent finalement dans un épais buisson pour s'y cacher. Ils attendirent de longues minutes pendant lesquelles ils devaient être le moins bruyant possible... Edern avait la main fortement appuyée sur la bouche de Clath qui était allongé contre lui, afin que le Lao Shan ne puisse pas entendre ses pleurs... Nelly avait la tête contre les genoux, se balançant légèrement, à mouvements réguliers, comme pour évacuer ses émotions... Zack était à moitié réveillé près d'Edern qui scrutait les alentours avec grande attention.

- Qu'est ce qui se passe encore ?... demanda Zack d'une voix dépourvue de force.
- Chut... Ne pose pas de question pour le moment, murmura Edern.

Les pas lourds du Lao Shan se faisaient entendre près de leur cachette, mais il semblait s'éloigner peu à peu. Le dragon renifla une dernière fois, mais l'odeur pestilentielle du marais l'empêchait de les repérer. Il se mit alors à courir à travers les étendues du marécage, et s'éloigna au loin vers l'horizon. Edern relâcha Clath qui fondit immédiatement en larmes, puis sortit du buisson avec mélancolie. Zack qui venait de se relever avec difficulté le suivait péniblement.

- Alors, qu'est ce qui s'est passé exactement ?... insista-t-il.
- Une des progénitures du Lao Shan nous a attaqué... Elle a tué Keith.
- Ah m**** !... Désolé...
- On a rien pu faire... Enfin si, on aurait pas du le laisser seul...
- On peut pas toujours prévoir ce qui va se passer... Faut essayer d'oublier tout ça... T'as pas une idée d'où pourrait être Ritz ?
- Non pas vraiment... Je sais même pas à quoi ressemble exactement le marais, on voit rien...
- Le soleil ne va pas tarder à se lever je pense...
- Espérons... Je commence à avoir des démangeaisons partout à cause ce foutu marais.
- J'peux me joindre à vous ? Il me reste du pain si vous avez faim... dit Nelly qui venait d'arriver.

Elle alla ensuite contre Edern et se laissa se faire enlacer dans ses bras. Elle se mit à pleurer sur son épaule tandis qu'il glissait sa main gauche dans ses cheveux. Clath venait d'arriver à son tour, le visage trempé de sang, les yeux baissés vers le sol. Mais il restait quelques mètres plus loin, à l'écart des autres, repensant à ce qu'il venait de se passer.

- Ca va aller... murmura Edern aux oreilles de Nelly.
- Non... Non ça va pas aller bordel ! dit-elle en s'écartant soudainement, Keith est mort à cause de cet abruti qui sait pas vérifier si un pu*** de fusarbalètre est chargé ou non !

Clath n'eut pas la moindre réaction, sachant très bien qu'elle avait raison. Il se sentait tellement coupable... Il aurait même préféré mourir à sa place...

- T'as quoi dans le crâne Clath ?! C'est le tiens que le Lao aurait du éclater ! continua Nelly.

Elle partit ensuite vers le chemin qu'ils avaient commencé à emprunter sans dire autre chose. Personne ne semblait réagir, ils étaient tous perdus dans leurs pensées...

- Attends Nelly pars pas !... Ca sert à rien qu'on se sépare... l'interpella Edern.

Elle s'arrêta un instant, se retournant vers lui. Les deux amis se fixèrent l'un l'autre pendant de longues secondes.

- Si vous voulez on peut aller récupérer Keith, et l'amener quelque part au lieu de le laisser pourrir ici... proposa Edern.
- C'est sûr qu'ici c'est pas le meilleur endroit pour laisser un mort... lança Zack.
- Enfin non laissez tomber... C'était une idée stupide.
- Non, moi je veux le revoir une dernière fois, dit soudainement Clath.
- T'es sûr ? demanda Edern.
- Oui...
- Allons-y alors... continua Edern.

Ils revinrent alors sur leurs pas, les boules au ventre... Nelly courait vers eux pour les rejoindre, ne voulant finalement pas rester seule... Elle s'agrippa au bras d'Edern et ils continuèrent leur marche. Ils aperçurent soudain une flaque rougeâtre entourée de grandes giclures, où baignait en son milieu le cadavre de Keith. Sa tête était complètement pulvérisée, le visage défiguré, il y avait même un morceau de son crâne qui était resté sur le rocher... Nelly eut un spasme devant cette vision macabre, tandis que Clath s'approchait du cadavre, sans émotion apparente. Zack recula d'un pas, dégoûté par cette scène horrible. Clath s'abaissa vers le sol humide, et se mit dans un premier temps à creuser lentement, puis accéléra ses gestes qui devinrent plus fermes. Les autres le regardaient faire, quand Eden se décida soudainement à l'aider. Zack vint à son tour, mais Nelly horrifiée resta à l'écart. Quelques minutes plus tard, ils avaient à eux trois creusés un trou assez large pour contenir un corps humain. Clath transporta alors le cadavre jusqu'au trou, et le déposa délicatement dedans. Une larme tomba de son œil jusqu'à Keith, puis ils se mirent à recouvrir de terre le corps ensanglanté. Des souvenirs défilaient dans la tête de Clath en même temps qu'il rebouchait le creux... De nombreux souvenirs qui lui firent tirer un sourire... Une fois le cadavre enterré, Nelly les rejoignit à nouveau, mais personne ne prononça un mot. Ils restèrent là, pendant un moment, à regarder l'endroit où était enseveli Keith... Mais Edern repartit finalement vers l'horizon hostile du marécage, et tous le suivirent monotonement...

Chapitre 15 :


Le soleil venait de se lever. Ils avaient marcher toute la nuit durant, et étaient tous essoufflés par les évènements. Le sang sur le visage de Clath avait séché, et avait presque entièrement été nettoyé par la pluie qui continuait de battre. Il n'arrivait pas à s'en remettre... La mort de Keith fut si soudaine... Et si il avait rechargé le fusarbalète avant de lui envoyer... Et si... Cette phrase trottait dans sa tête depuis qu'ils étaient repartis, et il semblait être le plus fatigué de tous. Ce fusarbalète, il le portait dans ses mains, et ne le quittait jamais du regard. Mais il sursauta soudain lorsqu'il vit Nelly s'écrouler au sol.

- Hey Nelly ! Tu vas bien ?! demanda Edern qui s'accroupît près d'elle.
- J'ai plus de force... J'ai faim, et je suis fatiguée...
- T'en fais pas va, une fois qu'on aura retrouver Ritz, Zack et moi on vous ramènera tous dans un endroit où vous serez en sécurité, répondit-il avec un sourire.
- Et qu'est ce que vous allez faire vous ensuite ?
- Régler quelques petites histoires avec la Jevira... dit-il en regardant l'horizon.

Il observa à ce moment les alentours avec plus d'attention. Devant eux s'étendaient de gigantesques flaques au reflet d'argent, et de nombreux nénuphars qui recouvraient le sol boueux. Quelques arbres morts s'élevaient maladroitement vers le ciel gris, et quelques corbeaux venaient se positionner sur leurs branches.

- Aller faut qu'on avance, la zone devient hostile, ça m'étonnerait pas qu'on croise un wyvern si on se bouge pas... lança Edern en passant un bras de Nelly autour de ses épaules.
- On sait même pas où on va... répondit Zack.
- Et ben dis le nous si t'as une idée en tête ! s'exclama Edern.
- Je dis juste qu'on devrait pas rester à découvert comme ça, t'excites pas vieux, lui renvoya Zack.
- La ferme ya une silhouette dans le ciel ! s'écria Nelly.
- Ben maintenant on sait où on va... dit Edern en fixant la silhouette du regard.
- Pourquoi on la suivrait ? demanda Zack.
- Parce qu'elle tournoie en rond, ça doit être un wyvern qui cherche sa proie, il traque peut être Ritz et l'homme de la Jevira.
- Ou bien il a trouvé un autre wyvern pour son repas et dans ce cas on sera pas dans la m****... lança Clath soudainement.

Un silence s'installa à ces mots, tous avaient le regard fixé sur Clath.

- Mais en même temps, on l'a presque toujours été, alors autant continué, reprit-il avec un sourire.
- Après tout on a pas d'autres pistes... Allons-y ! lança Zack.

Ils reprirent alors leur longue marche pénible en direction de l'ombre qui tournoyait dans le ciel. Les minutes semblaient interminables pour Edern qui s'inquiétait pour Ritz. Il penchait sa tête vers le ciel pour baigner son visage de la pluie froide qui le stimulait. Sa haine n'avait cessé de grandir depuis l'incendie à Cysnea. Il se demandait d'ailleurs où était passé Neorth qui en était le responsable... Cela le chagrinait de savoir qu'un de ses anciens amis était devenu mauvais... Ils avaient de nombreuses fois chassé ensemble avec Genovis et Zack. Mais récemment, il fut gravement blessé au combat face à un couple de Rathalos et de Rathian, et la Jevira en avait profité pour tenter de reproduire les écailles du Fatalis pourpre... Edern ne pensait pas que ces expériences prendraient tant d'ampleur. Il s'en voulait d'ailleurs d'avoir aider la Jevira en tuant tant de wyverns innocents... Mais c'est cela qui motivait sa vengeance, et qui amplifiait sa haine envers l'organisation...

- Là bas ! Ritz ! s'exclama Nelly avec un grand sourire, tirant Edern de ses pensées.

Ce dernier scruta alors l'horizon et aperçut un grand poteau au loin. Il y distingua la silhouette de Ritz qui semblait attachée... Quant à eux, ils étaient arrivés à une sorte d'embouchure, entourés par deux murs recouverts de terre, espacés de quelques mètres, qui donnait sur un plateau où se trouvait Ritz. Edern regarda autour de lui avec méfiance, comme s'il sentait que quelqu'un l'observait.

- Je comprends pas... dit Nelly, pourquoi le gars aurait-il abandonné Ritz au milieu d'un plateau ?
- Bah, c'est un piège, pas très original... lança Zack.
- Où est passé la silhouette dans le ciel ? demanda soudainement Edern.
- Quelle silhouette ? répondit Zack.
- Mais tout à l'heure t'as déjà oublié ?! J'le sens pas ce coup... reprit Edern.
- T'as raison elle a disparu... murmura Clath. Le gars de la Jevira nous tend un piège, mais c'est pas lui qui va s'occuper de nous...
- Alors on est déjà repéré... dit Edern. C'est logique, l'inconnu attache Ritz, il part se cacher, le wyvern vérifie si d'autres chasseurs sont ici pour le piéger, il nous voit arriver, et nous attend patiemment avant qu'on se lance nous-même dans ses griffes...
- Un wyvern est certes plus intelligent que certaines bêtes, mais il ne peut pas non plus établir des plans hein...
- A moins que ce soit...
- Le Rathalos argenté... lança Clath qui coupa la parole à Edern.
- Pu*** quel salopard ce mec ! s'exclama Nelly. Il doit être là à nous regarder pendant que nous on risque nos vies pour sauver Ritz...
- Il a fait ça pour moi... soupira Edern. Il veut que je sauve Ritz en tuant le Rathalos, et comme il sait que quand je m'approcherai d'elle, la bête sortira, j'aurai pas vraiment le choix...
- T'inquiètes pas vieux frère on est là, lança Zack.
- On a plus que trois armes... Mon épée, celle de Clath et son fusarbalète...
- Je resterai à l'écart... Je vais essayer de trouver l'homme de la Jevira, et si jamais je le trouve, je lui tranche la gorge avec mon couteau de dépeçage... lança Nelly.
- Tiens attrapes Zack ! s'exclama Clath en lui le katana.
- Ahh... ça faisait un moment que j'faisais pas mordre la poussière à un wyvern ! J'me sens en pleine forme ! s'écria Zack.

Les trois garçons se regardèrent dans les yeux tour à tour, puis jetèrent un dernier coup d'œil à Nelly qui escaladait le mur de terre pour se faufiler parmi la végétation qui le surplombait. Les battements de leur cœur redoublait d'allure... L'adrénaline s'emparait d'eux et les stimula vivement lorsqu'ils commencèrent enfin à courir vers Ritz. Edern regardait droit devant lui, et fonçait vers son objectif à toute vitesse, comme si rien ne pouvait l'arrêter... Des frissons lui parcoururent le dos tandis qu'il enjambait les quelques bûches sur son chemin. La sueur commençait à s'écouler sur son visage, quand soudain un éclat argenté lui éblouît son œil gauche... Il regarda alors en sa direction, et resta bouche bée devant la bête majestueuse qui s'élançait dans les airs... Le Rathalos argenté prenait un envol somptueux, et brillait de mille feux grâce aux rayons de soleil qui se reflétaient sur sa carapace humide... Son envergure énorme effraya Edern dans un premier temps, qui semblait ensuite comme fasciner par le wyvern... Mais le rugissement titanesque qui sortait du fond de la gorge du Rathalos le ramena immédiatement à la réalité. Il vit à ce moment une munition frôler sa chevelure, puis éclater dans une explosion de flammes dans le flanc gauche du monstre. Mais la bête ne semblait rien ressentir et piqua droit vers Clath qui esquiva l'attaque dans un long plongeon. Il se releva ensuite avant de recharger son fusarbalète et de tirer à nouveau. La balle ricocha sur les écailles scintillantes du Rathalos puis se perdit dans les airs. La bête qui voulait planter ses griffes dans le corps de Clath atterrît finalement dans une grande explosion d'eau près du jeune chasseur qui avait sauté en arrière. Le monstre étendait ses ailes devant l'adolescent, comme pour le priver de la lumière du soleil, et prenait ainsi une allure terrifiante. Il le fixa ensuite de ses yeux rouges dans des grognements qui faisaient légèrement vibrer sa gorge pâle... Clath semblait tétaniser et ne bougeait plus d'un seul centimètre...

- ATTENTION CLATH ! hurla Zack.

Zack plongea brusquement sur Clath pour le retirer de la trajectoire de la boule de feu du monstre qui alla s'écraser contre un rocher. Les deux amis se relevèrent alors et virent Edern qui venait de plonger sur le monstre en faisant choquer sa lame contre ses écailles. Il frappa plusieurs fois de suite le monstre, mais sa lame ricochait à chaque fois... Le Rathalos tenta une morsure mais Edern glissa sous sa tête et lui trancha la gorge d'un mouvement rapide et précis. Le wyvern recula de plusieurs pas dans des hurlements abominables et envoya soudainement une boule de feu qui se dirigea droit vers Edern... Zack tenta de le protéger à l'aide de son épée, mais le souffle de la déflagration les projeta tous les deux plusieurs mètres en arrière... Il n'y eut donc pas de choc, mais les flammes les avait tous deux gravement brûlé au visage et à la poitrine... Ils se regardèrent l'un l'autre, chacun le visage ensanglanté et recouvert d'horribles plaies...

- Tu sais que... tu ressembles plus à rien... dit Zack en crachant du sang au rythme de ses syllabes.
- Regarde toi vieux... répondit Edern qui rigola en toussotant...
- Arg... pu***... qu'est ce que ça fait mal quand même... reprit Zack.
- AAAAAAIE !!!! s'exclama brusquement Edern.

Edern commença soudainement à se tordre de douleur, et son visage crispé effraya Zack qui ne comprenait pas ce qui lui prenait... Et tandis que Clath envoyait une nouvelle munition qui explosa sur le mur derrière le Rathalos, tous entendirent un hennissement qui leur était familier... Les veines d'Edern se mirent alors à luire d'un blanc éclatant, tandis que sa douleur semblait s'amplifier... Le Kirin était de nouveau face à eux... Mais le cheval blanc s'approcha du Rathalos, et un halo lumineux se forma soudainement autour d'eux... Une fois la lumière dissipée, la blessure du Rathalos avait totalement disparu... Edern reprenait son souffle peu à peu, et resta sous le choc face à ce qu'il venait de voir... Il soupira alors, le regard vide d'espoir, mais serra brusquement son poing droit de toutes ses forces...

Chapitre 16 :


Le bras droit d'Edern se mit de nouveau à luire, couleur lave, tandis que le jeune chasseur se relevait péniblement, les membres emplis de douleur, et la gorge irritée par ses respirations saccadées. Ses veines brillaient toujours d'un blanc très lumineux, et devenaient de plus en plus visibles au fur et à mesure qu'il se dirigeait vers le Kirin à pas lents. La bête le fixait du regard, sans effectuer le moindre mouvement. Edern continuait de marcher, mais il se mit soudain à hurler tellement la douleur qu'il ressentait était forte. Il ralentissait de plus en plus, et des larmes se mirent à couler le long de ses joues. Mais soudain, du sang gicla jusqu'à son visage tandis qu'il poussait un cri atroce... Une de ses veines venait d'exploser et libérait des flots de sang. Les autres ne bougeaient pas, tétanisés par l'horreur de la scène. Il tomba à genoux sur le sol boueux, et baissa la tête, comme s'il avait perdu tout espoir... Mais la haine qu'il accumulait lui donnait la force de se battre, et un halo de couleur orangée se forma autour de son corps. Un vent puissant commença à se déchaîner, le tonnerre grondait dans le ciel couleur pourpre... Ses yeux devinrent rouge rubis, et un cri déchira soudainement sa gorge tandis qu'il se relevait brusquement. Il se mit à courir avec fureur vers le Kirin tandis qu'une autre de ses veines éclata. Mais la rage avait pris possession de son corps et rien ne semblait pouvoir l'arrêter. Le Kirin forma alors un grand bouclier lumineux, mais Edern le brisa d'un coup de poing d'une puissance phénoménale, puis attrapa la crinière de la bête avant de l'envoyer brutalement au sol. La violence de son geste était si grande qu'il lui restait quelques poils blancs dans sa grande main écarlate. Mais il se retrouva soudain au beau milieu d'une énorme enveloppe de flammes ardentes. Le Rathalos crachait ses flammes incandescentes sur Edern qui ne bougeait pas, et qui se contentait de les contempler... Il baignait ainsi dans cette tempête de feu à la chaleur infernale, quand il attrapa soudain la tête du Rathalos au creux de sa grande main afin de la broyer dans un grand craquement d'os. Le wyvern poussa un rugissement abominable avant de se libérer de la prise. Du sang s'échappait de sa mâchoire et des larmes de ses yeux. Mais Edern se retrouva soudainement projeté au sol. Il roula alors vivement sur son dos pour apercevoir le Kirin qui cabrait face à lui, tandis qu'un trait blanc fila droit sur le cheval blanc, suivit d'une déflagration dévastatrice dont ne se soucia pas Edern.

- EDERN ! hurla Zack.

Le chasseur se retourna après avoir entendu son nom, puis resta figé un instant... Il voyait le Rathalos se diriger droit vers Ritz dans une terrible charge. Il se mit alors à courir à toute vitesse après le wyvern, poussant de multiples cris dans sa course. Zack qui s'était mis sur le chemin de la bête pour tenter de l'arrêter frappa de toutes ses forces dans la tête du monstre avec son katana qui se brisa sur les écailles impénétrable du Rathalos. Il fût alors emporté violemment dans la charge du wyvern et le genoux de la bête le percuta de plein fouet dans la tête. Il tomba immédiatement sans connaissance sous la violence du choc... Quant à Edern, il était arrivé au niveau de sa cible et lui attrapa la queue pour tenter de la freiner, mais le Rathalos tourna vivement sur lui même afin d'éjecter Edern juste devant Ritz... Le jeune soldat releva la tête et aperçut la jeune fille qui venait de se réveiller. Il croisa son regard qui semblait remplit de terreur, étant donné l'état dans lequel se trouvait son ami...

- Edern... dit-elle faiblement, cesse d'utiliser tes pouvoirs... Tu en deviendras dépendant si tu ne t'arrêtes pas...

Mais le jeune chasseur se retourna brusquement lorsqu'il entendit le rugissement du Rathalos. Son regard plongea dans celui de son adversaire qui semblait lui aussi enrager. Il l'observa ensuite s'élancer dans une nouvelle charge colérique, mais ne bougea pas d'un centimètre... Il attendait patiemment le choc, armant son bras vers l'arrière... Et lorsque le Rathalos arriva enfin face à lui, il fléchît ses jambes pour prendre appui sur le sol, et stoppa net la course du monstre en lui attrapant une nouvelle fois la tête, puis enfin le renversa d'un mouvement brutale et agile. Il dégaina alors sa lourde épée métallique et l'enfonça de toute sa longueur dans la poitrine de la bête qui se courba de douleur. Il la retira sèchement et observa le Rathalos agoniser sur le sol, crachant des flots de sang... Mais le wyvern argenté se releva brusquement, et plongea énergiquement sur Edern, la gueule grande ouverte, prêt à le dévorer... Le chasseur enfonça par réflexe son poing dans la gueule du monstre qui pressa sa prise avec intensité. Edern pouvait sentir les dents aiguisées du monstre s'enfoncer aisément dans son bras et lui causer de terribles douleurs. Mais une munition explosive éclata soudainement sur le dos du wyvern qui libéra involontairement Edern. Les deux adversaires s'observèrent à nouveau... Ils n'avaient plus la force de se battre, chacun d'eux était exténué... Mais lorsque Edern vit que le Rathalos commençait à battre des ailes, il plongea immédiatement sur son dos et ils commencèrent à s'envoler à faible altitude... Cependant, au bout de quelques secondes seulement, Edern déchira des ses griffes la magnifique palmure de l'aile droite du wyvern, et tous deux s'écrasèrent contre une paroi dans une explosion de poussière et d'eau. Mais le jeune chasseur semblait déterminé à abattre définitivement sa cible, et lui attrapa le haut de sa tête avant de la faire percuter maintes fois contre la paroi qui rougissait de sang. Le Rathalos se débattait comme il pouvait, agitant ses ailes et ses pattes, mais la fureur de son adversaire prenait le dessus sur sa force légendaire... Ses écailles argentées se recouvraient peu à peu de sang et perdaient de leur éclat, tandis que ses yeux s'emplissaient de larmes. Sa vue devenait floue, mais il pouvait toujours distinguer son agresseur le frapper à mort... Il se demandait pourquoi les humains avaient toujours été si agressifs envers lui... Et cette fois-ci, il voulait seulement traverser le plateau lorsqu'une déflagration lui avait brûlé son flanc gauche... Il continuait de fixer Edern avec tout le dégoût qui pouvait lui rester... Mais sa respiration faiblissait, et ses mouvements devenaient plus las... Il sentit un dernier choc qui lui fût fatal, et rendu enfin son dernier souffle... Edern le lâcha tel un vulgaire animal et observa les alentours à la recherche du Kirin. Il semblait avoir disparu...

- Où il est ? demanda-t-il froidement d'une voix rauque.
- Il est parti... lui répondit Clath.
- Dans quelle direction ?
- Edern pu**** ! Ton ami est en train d'agoniser sur le sol, t'as même pas libéré Ritz et tu penses qu'à abattre un foutu cheval !
- Merci quand même...

Il tourna ensuite le dos à son ami et repartit seul vers l'horizon... Il était devenu obsédé par l'idée de venger ses blessures, morales ou physiques. Etrangement, la quantité de sang qui s'était échappée de ses très nombreuses et graves plaies ne semblaient pas l'avoir affaibli, et il continuait sa marche sans s'en soucier. Mais il ne s'était pas rendu compte que son dos était désormais complètement recouvert d'écailles et de pics, pour former une solide carapace foncée...

Chapitre 17 :


Cela faisait maintenant de longues minutes qu'il traquait le Kirin sans relâche, et qu'il suivait attentivement ses gouttes de sang blanchâtres laissées sur son passage. La haine d'Edern ne s'amenuisait pas, au contraire, elle grandissait au fur et à mesure qu'il ressentait la présence de la bête. Mais sa rage le rendait tellement aveugle qu'il ne vit même pas Nelly qui était allongée sur le sol, presque inconsciente.

- E...Edern !... dit-elle d'une faible voix.
- Nelly ! répondit-il en s'approchant vivement d'elle, c'est le Kirin qui t'as fait ça ?!
- Non... C'est... C'est l'homme de la Jevira. Et il a récupéré du sang de Kirin... Edern, ils peuvent abattre le Fatalis maintenant !
- ...
- Et ensuite ils t'abattront aussi...
- Non, jamais. Je te le promets, comme j'en ai fait la promesse à mon père, dit-il en baissant les yeux.
- Qu'est ce que tu vas faire ?...
- Je me rends aux Terres Hostiles.
- Mais pourquoi ?! Tu te crois capable de quoi au juste ?!
- D'arrêter tout ça. Je dois trouver le Fatalis avant eux, et faire disparaître sa carcasse. Et ainsi, mon père sera vengé.
- Tu n'es pas obligé de faire tout ça, tu peux tout abandonner et fuir. Ce ne sera pas lâche, au contraire. Toi, tout ce que tu veux, c'est venger ton père, mais tu mets ce monde en péril en faisant ça. Si ils te tuent toi en plus du Fatalis, tout sera terminé... Alors que si tu te caches, ils n'auront jamais ce qu'ils veulent, et on pourra toujours les combattre...
- Je tiens toujours mes promesses...
- Mais regarde toi... Tu n'y arriveras pas tout seul, ton corps mute à une vitesse très dangereuse. Mais qu'est ce que tu vas devenir à la fin ?!
- Ecoute, je ne te demande pas de me suivre, je vais aux Terres Hostiles, il n'y a rien à ajouter, je préfère même y aller seul.
- Je crois que tu ne connais pas bien cet endroit Edern, dit soudainement Ritz qui venait d'arriver avec Clath et Zack.
- Et qu'est ce que tu sais de plus que moi toi hein ?
- Je t'ai dit... J'erre là bas depuis assez longtemps pour savoir qu'il n'y a ni vie, ni espoir là bas.
- Pourtant ce ne sera pas la première fois que je m'y rendrai.
- Le Fatalis vit dans des landes beaucoup plus avancées des Terres Hostiles. Même les hommes de Nerheïm ne s'en approchent pas. On n'y trouve que la mort et l'obscurité...
- Mais qu'est ce que ça peut vous foutre à la fin ?! Allez plutôt rejoindre Lan et Kuntsel pour préparer l'assaut sur Nerheïm !
- Edern... lança Zack avant d'être couper.
- Allez-y... Je préfère ne pas vous avoir près de moi... Comme Nelly l'a dit, mon corps mute dangereusement vite, je risque de vous blesser... Je m'en sortirai. Prenez soin de vous.

Puis il partit à ces mots, sans se retourner, ni prendre la peine de dire au revoir. Il était si proche du but, il allait enfin rencontrer l'être dont il voulait se venger depuis trois longues années. Cela le rendait nerveux, et il pouvait sentir l'adrénaline monter en lui. Cette sensation, Edern la chérissait, il n'en connaissait pas de meilleures. Il accéléra donc le pas, et, sous cette pluie battante, se redirigeait plein de détermination vers la rivière. Il parcourut ainsi le marais de nouveau, et se remémora le drame qui avait récemment eut lieu. Des images atroces lui revinrent en tête, des cris qui résonnaient, du sang qui giclait, des larmes qui coulaient... Mais Edern s'efforçait de ne pas y penser, et malgré cela, il finit par atteindre la rivière au bout d'un long moment, et la traversa rapidement. Il décida ensuite de se reposer contre le même arbre où il s'était installé la dernière fois avec ses amis. Il n'avait rien à manger, et se contenta donc d'avaler les quelques champignons qui poussaient autour du tronc courbé. Il les mâchait avec monotonie, fixant mélancoliquement une flaque d'eau brune fouettée par la pluie. Il ne put s'empêcher de repenser à cet instant où le Kirin l'avait empalé... Ce souvenir réveilla en lui cette douleur qu'il pensait effacée, et il put presque sentir de nouveau la corne de la bête s'enfoncer dans son ventre. Cette étrange sensation le secoua un peu, et le motiva à reprendre sa route.
Mais une heure plus tard, Edern était exténué, et il tomba à genoux, les mains posées sur le sol. La pluie avait redoublé de force, et l'empêchait de progresser comme il le souhaitait. De plus, l'odeur du marais l'insupportait, et il n'avait pas manqué de vomir à plusieurs reprises. Il n'en pouvait plus, sa tête tournait, et il avait l'impression d'être constamment poignardé aux jambes. Mais en relevant la tête, il aperçut une petite cabane non loin. Cette vision le rassura, et il se releva tant bien que mal. Il enfila ainsi sa capuche, et recouvrit son bras du tissu qu'il portait toujours sur lui. Il tituba ensuite jusqu'à la porte et toqua, attendant qu'on lui ouvre. Mais après plusieurs essais, et toujours aucune réponse, il décida d'enfoncer la porte, et il tomba avec elle contre le sol.

- Hey là ! On entre pas comme ça chez les gens jeune homme ! s'exclama un vieillard surpris.
- Je... Je suis désolé, dit Edern après avoir reprit son souffle, c'est que, vous ne répondiez pas, et j'ai cru qu'il n'y avait personne.
- Et bien ! Ce n'est pas un raison valable mon petit, je ne crois pas que j'entrerai comme un voleur chez toi si tu n'étais pas là ! Encore que les voleurs sont plus discrets que toi !
- Je vous rembourserai monsieur, je suis désolé pour le dérangement, je suis fatigué, j'avais besoin de repos, vous comprenez ?
- Ma foi, pas vraiment ! Mais je lis bien sur ton visage mon garçon, que tu as effectivement besoin de repos. Je veux bien t'héberger pour un moment, tu me remercieras en réparant ma porte tiens !
- Mais je... Enfin je ne voulais pas rester longtemps à vrai dire.
- Mmmh, je vois. Tu m'as l'air bien pressé dis moi, où vas-tu comme ça ? Je ne te conseille vraiment pas d'aller plus loin, la direction que tu prends est maudite !
- Je sais très bien où je vais, mais je vous remercie de vous inquiéter pour moi.
- Tiens, dit-il en tirant un tabouret vers lui, assieds toi, on va bavarder un peu.
- Merci bien.

Edern observa le vieillard qui partit vers la cheminée au fond de la pièce. Une marmite était suspendue au dessus des flammes, et le vieil homme remplit deux bols de la soupe qui se trouvait dedans.

- Tiens, reprends donc un peu de force ! dit-il en lui tendant un des bols.
- Merci encore !
- De rien petit, de rien, répondit-il en s'asseyant. Alors, que compte tu faire là-bas, vers les Terres Hostiles ? demanda-t-il en commençant à boire.
- Je compte abattre le Fatalis, répondit Edern qui buvait lui aussi.
- Oh oh ! J'en ai vu des jeunes dans ton genre, j'en ai vu ! Mais aucun qui avait la même ambition que toi. Je ne crois pas que tu saches de quoi tu parles...
- Je le sais très bien. Ce ne sera pas le premier monstre légendaire que j'abattrai.
- Pourquoi ne retires-tu pas ta capuche ? J'aimerais bien voir quel genre d'homme prétendrait tuer des dragons de légende !

Edern effectua ce que le vieillard lui avait demandé, et la réaction ne se fit pas attendre. L'homme âgé fronça immédiatement les sourcils tout en ouvrant légèrement la bouche, comme si un son voulait en sortir mais qu'il n'y parvenait pas.

- Ca alors... C'est bien la première fois que je vois quelqu'un comme toi... Peut être as-tu les compétences physiques pour effectuer de tels actes de bravoure... Alors dis moi, qu'as tu combattu jusqu'ici ?
- J'ai tué de sang froid des centaines de wyverns innocents, j'ai aidé à éradiquer un Lao Shan, et enfin, j'ai tué de mes propres mains le Rathalos argenté.
- Je ne pensais pas que tu accumulerais autant de puissance au fil des années, Edern...
- Comment me connaissez vous ?!
- Difficile pour quelqu'un comme moi de ne pas connaître la personne qui a hérité des pouvoirs les plus destructeurs au monde.
- ... Dans ce cas, vous voyez bien que je suis capable de tuer le Fatalis.
- Oh je n'en doute pas. Il y en revanche autre chose que je regrette...
- Dites la moi.
- Le Fatalis était l'être le plus terrifiant et le plus puissant de ce monde. Ses pouvoirs dépassaient l'imaginable. Il pouvait décidé de la fin du monde lorsqu'il le désirait. Oui il pouvait déclenché l'Apocalypse, mais il ne l'a jamais fait, car cet être, bien qu'il ne soit qu'une bête, était rudement intelligent, et ne se préoccupait pas seulement de sa personne, mais de celle de tous les êtres vivants. Il a malheureusement été tué en traître, alors qu'il ne savait même pas que sa force pouvait être égalée. Or, grâce, ou plutôt à cause de cette expérience, tu as hérité de ses capacités. Tu n'en as pas encore conscience, mais une puissance dévastatrice te hante. Et j'ai bien peur que tu ne la réveilles en accumulant de la haine au fond de toi...
- Je... J'aurais le pouvoir de détruire le monde ?! s'exclama Edern.
- Malheureusement, je le crains. Ce pouvoir ne mérite en aucun cas de se trouver entre les mains d'un humain. Nous ne sommes pas contrôlable, nos émotions prennent le dessus sur nous, et c'est alors que les choses dérapent toujours. Or, toi, tu ne peux pas te le permettre.
- Et... Pourquoi me dites-vous ça ?
- Tout simplement car tu devrais abandonner avant que les choses ne tournent mal. J'imagine que tu as des amis qui te sont très proches, et le simple fait de les voir mourir aura de lourdes conséquences.
- Mais c'est pour ça que je suis venu seul !
- Sait-on jamais, cela m'étonnerait fortement que tes amis t'aient abandonné.
- Ils ont une autre mission à remplir.
- Soit, alors fais vite mon garçon.
- Ecoutez, je préfère partir tout de suite, je ne sais pas ce que vous m'avez fait boire, mais je me sens beaucoup mieux ! Je vous suis très reconnaissant de votre hospitalité et des informations que vous m'avez apporté, mais je ne suis pas seul à me diriger vers le Fatalis.
- Je comprends, je comprends. Mais je te demanderai juste une faveur... Pourrais-tu revenir réparer ma porte, une fois tes combats terminés ? Jusque là, tous les jeunes comme toi que j'ai vu sont morts, et j'aimerais bien, pour une fois, revoir l'un d'entre eux vivant, une fois son objectif accompli !

Edern eut un sourire.

- Je vous le promets, dit il avant de s'en aller furtivement.
- Bonne chance mon garçon, bonne chance, soupira-t-il en observant le flacon de jus d'énergie posé près de la marmite.