Monster Hunter Freedom 2 / Monster Hunter Freedom Unite
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Monster Hunter Freedom 2 / Monster Hunter Freedom Unite

Devenez le plus grand chasseur de monstres!!!
 
AccueilRechercherDernières imagesS'enregistrerConnexion
Le Deal du moment :
Jeux, jouets et Lego : le deuxième à ...
Voir le deal

 

 [fiction] titre à venir -_____-'

Aller en bas 
AuteurMessage
laranicoupelle

laranicoupelle


Masculin Nombre de messages : 343
Age : 35
Titre de chasseur : Vagabond
Localisation : Retour aux sources ;)
Date d'inscription : 26/08/2007

[fiction] titre à venir -_____-' Empty
MessageSujet: [fiction] titre à venir -_____-'   [fiction] titre à venir -_____-' Icon_minitimeDim 28 Déc - 21:22

Prologue






"- Tu es… L'être humain le plus abject… Le plus ignoble… Aaaargh…Le plus… répugnant… que la Terre n'ait jamais porté… Tu es…
- Cesse donc les flatteries, vieillard sénile, tu me fais rougir!"

L'homme aux cheveux argentés haletait, sa poitrine nue maculée de sang se soulevant douloureusement à chaque inspiration. Adossé contre un mur en pierre noire, les mains attachées par-dessus la tête par un lien en acier si fin qu'il lui entaillait les poignets, il observait son tortionnaire de son unique œil, le défiant du regard de tout le courage qu'il lui restait. Des ombres vacillaient sur les parois rocheuses à mesure que le bûcher se consumait, et une immonde odeur de chair calcinée polluait l'intérieur de la caverne où le vieux sage avait élu domicile. Ses jambes complètement carbonisées étendues en plein milieu des flammes, il livrait un terrible combat contre la douleur, s'efforçant de ne pas offrir à l'homme qui lui faisait face la satisfaction de le voir succomber à la souffrance qu'il lui infligeait. Il inspira profondément, et lorsqu'il parla, ce fut d'une voix étonnamment calme et assurée.

"- Un jour… Tu paiera pour toutes les… atrocités que tu as commises… Tu endureras des tourments qu'aucun être humain n'as jamais… enduré… Tu subiras…"

Sa phrase s'étouffa dans un hurlement déchirant lorsque la lame rouillée tâchée de sang lui arracha le deuxième œil. L'homme au couteau lui empoigna soudain la gorge et approcha son visage du sien…

" - Tu commences à m'ennuyer… Je vais donc te répéter une dernière fois ma requête… Où se trouve l'élixir de puissance suprême et de connaissance ultime, la source de pouvoir absolu… Où se trouve le sang de Fatalis?
- J'ai entendu dire qu'on en trouve en abondance… dans des cornes de kelbis unijambistes… tu devrait en éventrer un et boire ce …
- Ne joues pas avec mes nerfs! "

Le jeune homme aux longs cheveux noirs noués en une queue de cheval et à la barbe de douze jours frappa violemment le crâne du vieillard contre les parois rocheuses dans un geste d'impatience et d'exaspération. Il était venu de si loin pour avoir ce sang, avait voyagé tellement dur pour arriver à la caverne de l'homme qui avait affronté Fatalis… La pensée de rentrer bredouille lui était insupportable, et il serra si fort son étreinte que le vieil homme étouffait.

"- Je veux le sang que tu as prélevé sur la bête… Je ne partirai pas sans…"

Libérant le cou de son prisonnier, il l'observa quelques instants, décidé à le faire parler. Ce n'était pas la première fois qu'il torturait quelqu'un, et il savait à présent où se trouvait la limite qu'un être humain ne pouvait supporter avant de succomber à la souffrance et de mourir, et il décida d'y maintenir le vieil homme aussi longtemps qu'il sera nécessaire pour lui faire avouer, peu importe s'il devait passer la nuit à se servir de ses instruments. Le vieillard, les orbites vides crachant des traînées sanglantes, gardait un visage impassible, et il fut surpris de constater qu'il n'y avait pas de trace de haine dans l'expression de ce visage déformé par la souffrance et les mutilations, mais de quelque chose qui s'apparentait à de la compassion… Ce vieux débris était en train de se faire torturer, et il n'avait même pas la décence de haïr son tortionnaire… En cet instant, il compris que le courage du vieil homme était sans faille, et que jamais il ne lui donnerait ce sang si ardemment désiré. Un sourire douloureux étira les lèvres du supplicié, dévoilant une mâchoire sanguinolente fraîchement libérée du poids de quelques dents.

"- J'ai tout bu… Absolument tout… J'ai combattu Fatalis… Je lui ai arraché un œil… et me suis abreuvé du liquide brûlant qui s'en déversait… J'en ai rempli une fiole, avant de m'enfuir des entrailles suffocantes de ce volcan…
- Où est cette fiole?
- Lorsque j'ai vu les changements qui se sont opérés en moi les jours qui suivirent… j'ai compris que… personne… ne devait jamais plus boire cet élixir… Car en plus de la puissance et de la connaissance ultime que ce breuvage m'avait confié… Il avait donné naissance à un être maléfique… Une sorte de double obscur de moi-même, une version concentrée de tout les facettes détestables de ma personnalité, qui prenait possession de ma raison… et me faisait perdre toute lucidité… pour accomplir des choses atroces…
- Bordel de merde, je veux savoir où tu as foutu cette putain de fiole! Tu m'entends vieux cinglé?!
- Alors je l'ai détruite… fracassée dans un torrent, où le sang s'y est répandu et dilué jusqu'à disparaître… définitivement… Si tu tiens réellement à goûter aux joies de la puissance absolue… de la connaissance divine et de la folie destructrice… Alors il ne te reste plus qu'un seul moyen… Si tu en as le courage…"

Le jeune homme n'assimila pas tout de suite les propos du vieux sage. Il s'apprêtait à hurler de nouveau sa requête, lorsque ce qu'il venait d'entendre percuta sa conscience.

"- Tu as fait… quoi?"

Tremblant de rage, il frappa violemment la mâchoire du vieil homme avec le manche de son couteau. Ses yeux scrutaient le visage défiguré du sage, et sa haine se décupla.

"- Tu veux… J'ai parcouru tout ce chemin… Pour qu'un vieux déchet perdu dans sa grotte me dise finalement… Bordel! Tu l'as foutue en l'air!"

Il attrapa la torche enflammée dont il s'était servi pour lui brûler les jambes et lui enfonça en plein visage. Indifférent aux cris déchirants qui résonnaient dans la grotte et aux débattements désespérés du vieillard, il mêla ses hurlements de haine et ses insultes au vacarme ambiant. Lorsqu'il retira sa torche, il se retrouva face une masse informe et obscure, un globe difforme de chair rouge et suintante, noirci et flétri aux endroits où le feu avait le plus sauvagement attaqué. Des lambeaux de couleur grise saillaient là où se trouvait quelques secondes auparavant une oreille. Le visage du vieil homme avait littéralement fondu. Une ouverture s'ouvrit et s'étira en une grimace, puis un chuchotement résonna dans la caverne. La bouche du supplicié marmonnait des paroles d'une autre langue, et sa voix se faisait plus faible à mesure qu'il récitait son étrange monologue. Le jeune homme éclata d'un rire sauvage et cruel.

"- Tu pries? Ah ah ah! Mais quel dieu pourrait donc te sauver à présent?"

Alors qu'il riait de nouveau, il eut l'impression que son front explosait. Des dizaines de lumières blanches se mirent à danser devant ses yeux, et l'espace de quelques secondes, il se retrouva à observer la scène d'un point de vue extérieur, comme si sa conscience avait été projetée hors de son corps, avant de le réintégrer brutalement. Son front lui faisait souffrir le martyre, et, dans un mouvement vif et maladroit, il agrippa la gorge du vieil homme, qui cessa ses incantations.

"- Qu'est-ce que t'es en train de me faire?
- …je te maudis…"

Et il mourut.

Le jeune homme l'observa attentivement, surpris par sa réponse. Il se sentait épuisé, les membres endoloris et meurtris, mais sa douleur au front s'était envolée aussi vite qu'elle était apparue, et tout semblait normal. Il eut un rictus méprisant en observant à nouveau le cadavre répugnant de ce qui était encore quelques heures auparavant un sage vénérable et respecté, puis alla se pencher au-dessus du petit cours d'eau qui circulait dans la grotte. A la lueur du feu, il vit d'impressionnantes traînées de sang qui coagulaient sur son visage, qu'il essuya d'un revers de main.

"- Vieux débris… C'est tout ce dont tu es capable?"

Il ne s'aperçut pas tout de suite de l'étrange symbole qui était apparu sous les traces de sang, gravé dans sa chair à vif.



A suivre............





ps: Pour réagir, c'est par ici: http://www.monsterhunter2-psp.com/reaction-aux-histoires-f111/reactions-nouvelle-histoire-de-laranicoupelle-t4385.htm Wink
Revenir en haut Aller en bas
laranicoupelle

laranicoupelle


Masculin Nombre de messages : 343
Age : 35
Titre de chasseur : Vagabond
Localisation : Retour aux sources ;)
Date d'inscription : 26/08/2007

[fiction] titre à venir -_____-' Empty
MessageSujet: Re: [fiction] titre à venir -_____-'   [fiction] titre à venir -_____-' Icon_minitimeSam 3 Jan - 22:50

Chapitre I







Ce n'était pas la première fois que Bane tuait quelqu'un. La première fois qu'il ôta la vie à un être humain, il avait neuf ans. C'était un après-midi d'hiver. Son école organisait une sortie en forêt pour les élèves de sa classe afin de chasser une meute de Giaprey, qui s'approchait un peu trop près du village aux yeux des villageois. Le chef avait décidé de faire d'une pierre deux coups: c'était une occasion en or pour ses élèves débutants de mettre en pratique tous ce qu'ils avaient appris jusqu'à présent, et si en plus ça permettait de ne pas dépenser un rond pour engager un vrai chasseur, alors le choix était vite fait. Bane tremblait d'excitation. Il avait déjà chassé des Giapreys avec sa mère, et avait lui-même abattu leur chef, un immense Giadrome de trois mètres cinquante de long, aussi avait-il attendu le jour où il pourrait enfin prouver sa valeur aux villageois avec une impatience fiévreuse. Il se demandait souvent pourquoi lui et sa mère étaient aussi mal vus au village, mais il était persuadé qu'après cette journée, où il aura pu montrer à tous qu'il était capable d'intégrer l'élite des hunters, tout allait changer, et qu'il pourrait enfin se promener librement dans les ruelles étroites de son quartier sans se faire insulter ou tabasser.

Aussi lorsqu'il prit ses affaires et embrassa sa mère ce matin-là, il ne se doutait pas que sa vie allait prendre un sordide tournant…


" - Eh, petit bâtard, on a enfin trouvé ton père, regarde! "
Un énorme garçon couvert de tâches de rousseur sortait des buissons, accompagné de deux de ses acolytes hilares, portant à bout de bras un marcassin terrorisé. Bane se tourna vers son ennemi juré et bomba le torse, la mine renfrognée. Ses grands yeux bleus les fixèrent l'un après l’autre, et il comprit en voyant leurs sourires méprisants qu'ils voulaient s'adonner à leur jeu favori: le provoquer et le cogner. Il secoua lentement la tête, dégageant sa longue chevelure blonde foncée de son manteau rapiécé et sortit les mains de ses poches, prêt à se défendre.
"- Bande de salauds… Mon père est mort en combattant un Khezu… Et je vous interdis…
- Ah ah ah! Foutaises, tout le monde sait que ta mère était une pute, et que tu n'es rien d'autre qu'un accident! Ton père était sûrement un glaireux, un vieil ivrogne qui se sentait seul et qu'avait besoin d'une paire de fesses pour se vider les… Aaaargh!"
Bane l'avait littéralement projeté au sol et lui écrasait son poing en plein milieu du nez. Le jeune garçon obèse, plus âgé de quelques années, n'eut aucun mal à se débarrasser de son étreinte et à le plaquer contre un arbre, se rapprochant de lui jusqu'à ce que leurs fronts se touchent, tandis que le marcassin déguerpissait maladroitement entre les fougères couvertes de neige.
"- Ah ouai? alors comment il s'appelait?
- Il s'appelait… euh… Gilles…"
Les trois garçons éclatèrent de rire en chœur. Bane se percha sur la pointe des pieds pour diminuer la pression que Marcus portait sur son torse et soulager sa respiration, mais celui-ci le releva brutalement de quelques centimètres, et Bane suffoquait.
"- Et Marcus, dit le plus jeune des trois en s'adressant au chef, j'ai comme l'impression qu'y se paie nos têtes! Y mérites une bonne correction!
- Oh que oui! On va t'apprendre les bonnes manières, petit avorton!"
Marcus le relâcha tandis que ses deux compères lui agrippaient les bras. Bane ne se débattait pas, il savait qu'il n'avait pas la force contre ces trois garçons plus âgés, et il se contenta de défier Marcus du regard, tandis que celui-ci lui enfonçait son poing dans le ventre.
"- Pauvre imbécile! marmonna-t-il, découpant chaque syllabe au rythme de ses coups. On va tellement de frapper que tu pourra plus mar…
- Eh! Le groupe à Marcus! C'est par ici que ça se passe!"

Les trois garçons surpris reculèrent d'un pas, libérant Bane, qui courut se réfugier auprès du reste de la classe, tandis que les autres élèves écoutaient sagement les paroles du professeur. Ce dernier distribuait les armes, et donnait à chacun une petit arbalète munie de quelques fléchettes tranquillisantes, ainsi que des bombes flashs en donnant les dernières recommandations à ses élèves captivés. Bane reçut un vulgaire couteau de dépeçage et son arbalète était hors d'usage, mais c'est avec un puissant soupir de soulagement qu'il s'écarta du groupe et se retrouva enfin seul, gardant ses distances avec les autres, et surtout avec Marcus et ses deux chiens-chiens, qui sauteraient sur la première occasion pour le tabasser. Le cœur léger, il s'aventura au milieu des racines entremêlées et des buissons, observant le ciel bleu à travers les branchages nus au-dessus de sa tête, et savourant la sensation du soleil qui réchauffait sa peau. Le sol était recouvert de neige à perte de vue, et le soleil qui s'y reflétait lui donnait l'impression étrange qu'il marchait en plein milieu d'un rêve merveilleux et lumineux. Aux aguets, prêtant attention au moindre détail de son environnement, à l'affût d'un bruit suspect, il marchait avec prudence au milieu des arbres gelés et dégoulinants de neige fondue. Il arriva près d'un cours d'eau dont la surface était gelée, et aperçut des trous sur la fine couche de glace, qui traversaient le ruisseau d'une rive à l'autre. Il s’agenouilla et observa les traces qui continuaient dans la boue durcie par le froid mordant, les traces longues et profondes de cinq Giapreys.

"Par ici…" se dit-il avec un sourire. Il avança prudemment dans la pénombre grandissante du cœur de la forêt, et s'arrêta furtivement derrière un arbre lorsqu'il entendit le bruit de la neige qui crissait. Son cœur accéléra l'allure et un frisson de plaisir lui parcourut le dos. Il risqua un coup d'œil de l'autre côté de sa cachette et se déplaça silencieusement derrière un épineux, où il s'assit précautionneusement. Comme c'était bon… Les minutes s'écoulaient avec une lenteur que seule la chasse pouvait rendre aussi savoureuse. Le silence glacé de la forêt, la douce attente de la confrontation, le flot d'adrénaline qui parcourait ses membres transis de froid… Oui, il adorait chasser. C'était un pisteur hors pair et un épéiste extraordinaire, même comparé aux chasseurs adultes. Son agilité, sa rapidité, sa précision et sa capacité à déceler les points faibles de ses ennemis étaient sans égales et compensaient largement sa faible force physique. Il était capable de rester immobile des heures durant, avec la patience infinie de l'araignée attendant le moment propice pour bondir sur sa proie.
Il se tapit derrière son buisson et écouta. Seul le bruit du vent soufflant dans les branches nues troublait le silence paisible de la forêt, et un nouveau frisson de plaisir lui hérissa les poils. Il se releva en silence, et après avoir jeté un coup d'œil autour de lui, il s'aventura plus profondément. Un bruit sourd retentit soudain sur sa droite, et il tourna vivement la tête par réflexe. Il comprit que c'était un piège avant même que le choc à l'arrière du crâne ne l'envoie rouler dans la neige.

"Petit merdeux! Tu croyais pouvoir m'échapper?"
Des gouttes de sang tombaient lentement du bâton en forme de gourdin que Marcus brandissait. Regardant autour de lui pour s'assurer qu'il était seul, il s'agenouilla au-dessus du corps inerte de Bane.
"Ca fait trop longtemps que tu m'emmerdes, trop longtemps que tu me provoques avec toutes tes victoires à l'entraînement… Tu n'est qu'un rebut, un bon à rien… Je vais faire en sorte que tu ne puisses plus jamais chasser… "
Il regarda de nouveau autour de lui, et voyant qu'il était toujours hors de vue, il tourna d'un coup de pied le corps de sa victime sur le ventre, observant d'un œil dément la nuque offerte et vulnérable qui s'étendait à ses pieds.
"Quel tragique accident… murmura-t-il. J'ai voulu l'en empêcher, mais il ne m'a pas écouté… Il a glissé, et… s'est brisé le cou sans que je puisse intervenir… Ah ah ah!"

Dans un geste lent et déterminé, il leva son arme.



La conscience de Bane émergea soudain des profondeurs de son esprit, et il ouvrit les yeux. Des mots flottaient encore dans sa mémoire mais se dissipaient au moment même où il essayait de reconstituer la phrase qu'il venait d'entendre.

"Petit merdeux… brisé…Ah ah ah!"

Alors que ses cinq sens redevenaient peu à peu fonctionnels, il se rendait compte que quelque chose avait changé. Le bruissement que produisait le vent s'engouffrant dans les branchages lui parvenait aux oreilles avec une distinction et une intensité sans égales. Le bruit de l'eau dégoutant des monticules de neige fondante et s'écrasant en grosses gouttes sur le sol semblait résonner en lui et faire vibrer chaque parcelle de son corps, et il pouvait déterminer où chacune des gouttes étaient tombées sans même avoir à tourner la tête… Ecarquillant les yeux, il observa avec émerveillement les alentours. Même mis à nus par le froid de l'hiver, les arbres semblaient vivants et majestueux. Il pouvait sentir l'énergie de la vie couler au ralenti du plus profond de la terre jusque dans les maigres branches gelées, absorbées par les racines qui semblaient pomper ce liquide vital pour le restituer dans toute l'écorce… Il voyait la lumière du soleil comme jamais il ne l'avait vue, brillante et chaleureuse, réchauffant chaque centimètre cube de l'univers, éclairant la moindre parcelle de ténèbres…

Pour la première fois, il voyait…


Continuant la contemplation de cet univers nouveau, il aperçut soudain un garçon debout devant un corps immobile, un gourdin à la main levé vers le ciel, prêt à l'abattre sur la nuque du jeune garçon inconscient… Sa nuque…

Son sang ne fit qu'un tour. Il courut à une vitesse inhumaine en direction des deux garçons et poussa un cri effroyablement bestial. Ses jambes fuselées aux muscles puissants recouvertes d'écailles blanches bondirent soudain sur le garçon au gourdin, qui n'eut même pas le temps d'hurler le cri de surprise que ses poumons s'apprêtaient à pousser. Des griffes d'une longueur redoutable s'enfoncèrent dans son bras levé et le tranchèrent presque entièrement. Bane atterrit mollement et en souplesse sur le sol recouvert de neige. Il observa son reflet dans le ruisseau et resta interdit. A la place de ce qu'il avait l'habitude de voir de son image, il voyait une peau dure et écailleuse, d'un blanc luisant zébré de barres bleues. De longues dent acérées lui sortaient de la… non, bouche n'était pas le terme adapté… de sa gueule proéminente en forme de bec, et une crête impressionnante se dressait fièrement sur le sommet de son crâne luisant et rugueux.

Il était devenu un Giaprey…


Perdu dans la contemplation de sa nouvelle apparence, il oublia complètement la présence de Marcus, et également qu'il possédait des armes, dont une arbalète bourrée de…

"- …fléchettes tranquillisantes dans le cul, ça va te calmer…"
Bane réussit à éviter le deuxième tir, mais le premier l'avait férocement atteint au-dessus de la cuisse. Oubliant l'absurdité de la situation, il bondit sur son assaillant toutes griffes dehors. Marcus se protégea de son arbalète, qui vola en éclat sous la puissance du choc. Il bondit en arrière pour garder l'équilibre et observa cette bête sauvage et sanguinaire qui était venue contrecarrer ses plans. D'un geste mal assuré, il empoigna son couteau de chasseur flambant neuf et observa le Giaprey, qui commençait à tituber sous l'effet du sédatif. Son bras gauche pendait lamentablement le long de sa poitrine, désespérément inutile. La douleur ne l'atteignait pas. Il la sentait, mais elle semblait lointaine, provenant d'un autre monde, comme si en cet instant, rien d'autre n'existait réellement que lui et le Giaprey… Bane bondit soudain, mais il maîtrisa mal sa force et rata sa cible d'une longueur de griffe. Marcus brandit son couteau et lui planta profondément dans le flanc, avant de bondir en arrière en esquivant de justesse une morsure à l'épaule. Il tenta d'esquiver une deuxième attaque, mais son pied buta sur le corps du Bane étendu sur le sol et tomba à la renverse, projetant un nuage de poudreuse. Bane lui sauta dessus, et ses griffes se plantèrent dans le ventre de sa victime, perforant les entrailles jusque dans le dos.

Il avait du mal à garder les yeux ouverts. Il entendait les cris de douleurs du jeune homme et sentait les blessures qu'il lui infligeait sur ses pattes arrières, il le sentait se débattre avec l'énergie du désespoir, mais sa perception du monde se désagrégeait au point d'y être insensible. Il s'effondra au sol sans même s'en apercevoir, et les ténèbres s'emparèrent de lui. Lorsqu'il rouvrit les yeux, il était de nouveau Bane, ce jeune garçon timide et discret, étendu de tout son long sur le sol glacial. Devant lui, une silhouette effilée au reflets bleutés écrasait le corps ensanglanté de Marcus, tous deux immobiles.

Il aurait aimé s'être réveillé amnésique. Mais les sensations des muscles et des intestins qui se déchiraient sous ses griffes, les cris de douleurs de Marcus, la vision terrifiante de ce jeune garçon se tortillant sous l'effet de la souffrance qu'il lui infligeait… Tout ça était encore gravé dans son esprit à vif, et n'avait rien d'un rêve.

Il avait tué quelqu'un. C'était idiot, pourtant, il était évanoui dans la neige… Mais c'était bien lui. Il avait le contrôle de la créature… Il voyait par ses yeux, il ressentait la douleur de ses blessures… Ce n'était peut-être pas ses mains qui avaient ôté la vie à cet enfant, mais c'était son âme qui venait de se souiller…


Des bruits de pas camouflés par la neige le tirèrent de ses pensées. Il se releva sur les genoux au moment où son professeur poussa un cri. Quelques instants plus tard, il était entouré d'enfants aux visages graves, certains pleurant, d'autres observant d'un œil stupéfait tour à tour le corps de Marcus, le Giaprey et Bane, tous trois au centre du cercle. Aucun n'aida Bane à se relever, et il resta agenouillé ainsi de longs et interminables instants, sous le choc de ce qu'il venait de faire, jusqu'à ce que le professeur abasourdi ne l'empoigne par son manteau pour l'interroger violemment.


L'affaire fut classée dans les jours qui suivirent. "Tragique accident à l'école de chasse: un jeune garçon tué par un Giaprey lors de la traque de sa meute. Le professeur anéanti est renvoyé." Marcus fut enterré la semaine suivante, et plus personne n'adressa la parole à Bane, qui en était reconnaissant.
Revenir en haut Aller en bas
laranicoupelle

laranicoupelle


Masculin Nombre de messages : 343
Age : 35
Titre de chasseur : Vagabond
Localisation : Retour aux sources ;)
Date d'inscription : 26/08/2007

[fiction] titre à venir -_____-' Empty
MessageSujet: Re: [fiction] titre à venir -_____-'   [fiction] titre à venir -_____-' Icon_minitimeSam 3 Jan - 22:50

Mais cette fois c'était différent. Cette fois le sang était sur ses mains. Les phalanges brisées d'avoir trop frappé étaient les siennes. Et les sept cadavres qui l'entouraient avaient tous hurlé son nom avant de rendre l'âme… Non, cette fois, il ne pouvait plus le nier. Il était bel et bien un assassin.

Il regarda ses mains tremblantes recouvertes du sang de ses victimes, puis il s'enfonça la tête dedans avant de fondre en larmes. Ils n'avaient pas le droit. C'était Hernie, son seul ami. Il n'avaient pas le droit de le kidnapper… Pas le droit de lui arracher cet être si précieux, son rayon de soleil dans les ténèbres de sa vie, pas après toutes les méchancetés qui lui avaient déjà fait subir… Et surtout pas de cette manière…

Il leva la tête en direction du bûcher, et ses yeux s'inondèrent de larmes.

"Hernie…"

Une masse rouge et informe fumait encore au milieu des flammes, dans une position horriblement désarticulée. Ses hennissements de souffrance résonnaient encore aux oreilles de Bane, qui sanglota de plus belle. Pourtant, il n'avait jamais désiré ce massacre… Même après toutes les souffrances et humiliations que lui avaient infligées les enfants du village, il n'avait jamais souhaité les voir morts… Mais la vue de son ami attaché par des fils barbelés au pied d'un arbre, avec toutes ces horribles plaies dégoulinantes de sang, le corps enduit d'un liquide inflammable… lui avait fait perdre l'esprit. Une seule chose lui était importante: délivrer son cheval…

Il avait frappé aveuglément, se frayant un chemin jusqu'à son ami en frappant au hasard, se servant de tout objet blessant qui lui tombait sous la main, sans même savoir si ses coups atteignaient leurs cibles, concentré sur son objectif… Jusqu'à ce que la paille prenne feu. Il se souvenait d'un cri bestial déchirant, d'une silhouette enflammée se débattant au sol, d'une haine et d'un désespoir insoutenable qui emplissait chaque parcelle de son corps, de son chagrin qui l'avait cloué au sol jusqu'à ce que les cris cessent… Puis de visages suppliants qui hurlaient de douleur en s'effondrant au sol, tandis que sa fureur se déversaient sur eux dans une explosion de violence… Puis le trou noir.

A quinze ans, il venait d'abattre sauvagement sept jeunes hommes.


Qu'allait-il devenir à présent?
Maintenant que sa folie meurtrière avait disparue, il avait peur. Son seul compagnon n'existait plus. Sa vie déjà misérable promettait de se transformer en cauchemar quand les villageois allaient découvrir la macabre vérité… Cette pensée le fit frémir. Ils le tueraient. Il n'aurai pas d'autre forme de procès que les coups des familles des victimes, et il ne pourrait en réchapper. A moins que…

En essuyant ses joues inondées de larmes et de sang, il se releva et marcha jusqu'au sentier, avant de s'immobiliser, songeur. Sur sa gauche, en direction du village, sa mort l'attendait. Sur sa droite s'étendait la forêt sur quelques kilomètres encore, puis après, la liberté… Mais quelle liberté? Celle de vivre en banni, rejeté par ces gens qui le verraient comme un meurtrier une fois que la nouvelle de son massacre se serait répandue? Celle de vivre coupé du monde, à se nourrir de proies et à dormir en plein air, sans autre but que de ne pas se faire voir de ses semblables et de survivre aux lois sauvages du monde animal d'une forêt? Oui, pensa-t-il, cette même liberté… Car après tout, avait-il déjà apprécié une compagnie humaine? A part sa mère, jamais. Il avait l'habitude d'être seul, et au fond de lui il aimait ça. La chasse était sa seule raison de vivre, et il ne se nourrissait que dans la forêt, après la traque d'un mammifère, d'un bipède écailleux, ou même d'un géant ailé… Dans le fond, l'existence qui s'offrait à lui désormais ne serait pas beaucoup différente de celle qu'il avait connue jusqu'à maintenant. Il s'intégrerait parfaitement à la vie sauvage, il en était certain, et il se surpris à se demander pourquoi il hésitait encore. Dans un dernier regard en direction du village, il s'élança sur le sentier, maudissant l'enfance malheureuse qu'il avait passée là-bas. Il ne s'arrêta que bien plus tard, à l'orée est du bois, quand le soleil disparaissait à l'horizon, plongeant la plaine qui lui faisait face dans les ténèbres. A bout de force, il s'écroula contre le dernier arbre, ferma les yeux et se perdit dans ses pensées. Il lui semblait sentir la haine des villageois. Peut-être quadrillaient-ils la forêt à sa recherche, ou peut-être espéraient-ils qu'il reviendrait de lui-même, trop faible pour se passer d'eux… A moins qu'ils n'aient pas encore constaté la disparition de leurs fils… Un bruissement de plumes le fit sursauter, et levant la tête, il aperçut un rapace qui prenait position sur une branche, un mulot dans le bec. Il voulait se remettre en route, ne pas perdre de temps pour s'éloigner de ceux qui voulaient sa mort, mais la curiosité l'emporta sur sa hâte. Il voulait voir si les villageois étaient déjà à sa recherche, et cet oiseau tombait à pic. Fermant les yeux, il fit le vide dans son esprit, se laissa imprégner des bruits alentours, de la tiédeur de la soirée, du souffle de vent qui faisait murmurer les arbres. Lorsqu'il rouvrit les yeux, sa vision était d'une netteté extraordinaire mais en noir et blanc, et sur sa langue le goût de la chaire fraîchement avalée subsistait. Il recracha le cadavre du mulot, indifférent aux protestations de l'estomac du faucon et s'envola à tire-d'aile.

Il avait appris à se servir de son Talent en quelques semaines à peine. Depuis qu'il avait pris le contrôle de ce Giaprey par accident, il avait compris qu'un pouvoir l'habitait. Le pouvoir de prendre possession d'un corps animal, quel qu'il soit. Il s'en servait souvent, pour l'aider dans ses chasses, ou pour s'évader tout simplement, goûtant aux joies de la vitesse d'un fauve, de la puissance d'un ours ou de parcourir les cieux dans la peau d'une wyverne. Il se demandait souvent comment un tel prodige était possible, mais ses questionnements ne lui enlevaient nullement le plaisir de ses aventures, et il oubliait l'étrangeté de son aptitude dès qu'il goûtait au plaisir d'une perception étrangère à ses sens humains. Cette fois là cependant, il ne put savourer pleinement le vent qui s'engouffrait sous ses ailes en ébouriffant ses plumes et le défilement rapide du paysage forestier en contrebas, l'esprit encore bouleversé par les récents évènements. Il vola machinalement jusqu'au lieu du massacre, et constata que les corps n'étaient plus là. Le cœur battant, il prit la direction du village, jusqu'à apercevoir un groupe de villageois qui traînait lentement une charrette délabrée, tirée par quatre chevaux. Pliant les ailes, il piqua jusqu'à eux.
" - J'ai toujours détesté ce petit… Mais jamais… Jamais je n'aurai pensé qu'il commettrait un jour quelque chose d'aussi affreux…
- Moi non plus, répondit une femme âgée, accablée par le chagrin, moi non plus…
- Moi je savais qu'il était pas net cet enfoiré, répondit un moustachu qui tenait le cadavre défiguré de son fils contre sa poitrine. On le voyait jamais au village, il passait son temps tout seul dans la forêt! Et chaque fois qu'on le croisait, il gardait la tête baissée, sans jamais causer! Je savais qu'il avait un grain…
- Sept garçons… Comment un jeune homme peut-il abattre… C'est… Je n'arrive pas à le croire…
- Demain, dès que le soleil se pointe, on va le retrouver… On alertera tous les villages alentours, on donnera son signalement, et on lui fera la peau à ce salaud! Au nom de toutes les familles qu'il vient de briser!
Le gaillard moustachu éclata soudain en sanglots, et Bane coupa la connexion mentale, se retrouvant dans son corps d'origine en sursaut. Il avait lui-même du mal à croire ce qu'il avait fait, mais il décida de ne plus y penser et de repartir, le cœur lourd, partant pour une vie qui ne sera sans doute pas de tout repos.





A suivre.................



Abandon de la fic
Revenir en haut Aller en bas
Contenu sponsorisé





[fiction] titre à venir -_____-' Empty
MessageSujet: Re: [fiction] titre à venir -_____-'   [fiction] titre à venir -_____-' Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
[fiction] titre à venir -_____-'
Revenir en haut 
Page 1 sur 1

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Monster Hunter Freedom 2 / Monster Hunter Freedom Unite :: Bonus :: Vos histoires-
Sauter vers: